Le contenu du cahier de charges de
la formation des maîtres, présenté lundi par Gilles de Robien et décliné dans
l'arrêté, sonne comme une véritable provocation.
Du fait de la quasi absence de
concertation, les propositions formulées par le SNES, fruit d'une réflexion
largement menée sur les enjeux de la formation et des métiers, n'ont pu être
réellement discutées.
Alors que la formation doit
permettre de maîtriser les processus complexes visant à un travail sur les
savoirs et compétences avec les élèves, le projet d'arrêté ne répond qu'en
termes structurels en faisant se succéder différents temps hors de toute
réflexion sur les contenus.
Concevoir la formation sur la durée,
tant en amont qu'en aval, est une nécessité depuis longtemps proposée par le
SNES mais la financer par une augmentation du stage en responsabilité (porté à
huit heures) reviendrait à alourdir la charge de travail des stagiaires et
développer l'idée que nos métiers s'acquièrent essentiellement par mimétisme, ne
laissant guère de temps à la réflexion et le retour sur les
pratiques.
Le SNES a toujours défendu l'idée
que les métiers de l'enseignement requéraient une haute qualification
disciplinaire articulée à une véritable formation
professionnelle.
A ce titre, le développement prôné
de la bivalence, déconnecté de tout lien avec les parcours universitaires et les
cohérences disciplinaires relève d'une mesure purement gestionnaire au détriment
de la qualité de l'enseignement dispensé. La création de CAPES bivalents,
destinés aux enseignants de collège reviendrait à scinder le corps des certifiés
et retrouver une situation révolue (le recrutement des professeurs d'enseignement général des collèges -PEGC- a été arrêté en 1986), antinomique avec l'accès élargi d'une classe
d'âge au baccalauréat et aux études supérieures.
Enfin, l'idée de maintenir les
néo-titulaires sur leur académie de stage pendant les deux premières années
constitue une "fausse bonne idée" qui n'améliorera en rien l'entrée dans le
métier, entraînera un risque de blocage du mouvement et pèsera sur la carte des
formations.
En effet, si les nouveaux
enseignants sont maintenus à l'issue des trois ans de formation dans la même
académie, ce sont les académies déficitaires qui seront dotées de stagiaires
contraints au maintien, quelle que soit leur situation familiale. En outre, le
risque est grand de voir ces jeunes collègues affectés provisoirement pendant
trois ans.
L'intégration des IUFM aux
universités aurait pu être l'occasion d'améliorer la formation des maîtres, de
davantage la lier à la recherche dans le cadre d'une formation sur la durée
pensée dans sa globalité.
Ce projet de cahier des charges apparaît bien comme une occasion ratée.

