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Mobilisation pour venir en aide à Madame Makombo et à ses 4 enfants

Traque d’enfants de sans papiers : la police perquisitionne le domicile d’une journaliste

paru le samedi 3 septembre 2005

Le 24 août 2005, vers 10h du matin, un détachement de policiers s’est présenté à Auxerre au domicile d’une journaliste de
Radio France Bleue Bourgogne, Bleuette DUPIN.
La police entendait procéder à une perquisition dans le cadre d’une enquête sur la
disparition des enfants de Madame Barbe MAKOMBO MBELU, ressortissante congolaise assignée à résidence avec deux de ses enfants (Grace 10 ans et Naomie 12 ans) en attendant sa reconduite à la frontière. Ses deux
aînés, Rachel, 15 ans et Jonathan 14 ans se sont enfuis, terrorisés à l’idée d’être expulsés vers la RDC où leur père a disparu, où leur mère a subi de graves sévices et est toujours recherchée.

Bleuette Dupin avait fait un reportage sur cette affaire diffusé aux journaux de Radio Bleue Auxerre le 23 août. Elle avait téléphoné puis rencontré Barbe MAKOMBO MBELU dans ce cadre. La police venue interroger la mère des adolescents le 23 août aussi avait relevé les numéros de téléphone figurant sur son portable et dans son agenda (sans d’ailleurs l’avoir informée du cadre juridique dans
lequel elle intervenait ni avoir produit de mandat) et, parmi eux, celui
de la journaliste immédiatement soupçonnée d’héberger les enfants.

Les communiqués précédents du RESF disent ce qu’est le sort de la
famille MAKOMBO MBELU, l’interpellation en centre aéré des deux
fillettes de 10 et 12 ans, la fuite des aînés.

Au-delà de ses aspects grotesques, la perquisition du domicile d’une
journaliste et l’acharnement avec lequel les services de police semblent
avoir reçu l’ordre de conduire l’enquête illustrent les dérives graves
qu’entraîne la politique de Monsieur Sarkozy et de son gouvernement
, non
seulement pour les sans papiers et leurs enfants mais aussi, de façon
contradictoire, pour la justice, la police, les services préfectoraux
d’un côté, et pour les journalistes et, finalement, tous ceux qui
demeurent attachés à la protection contre les persécutions, au droit
pour des enfants à la scolarité, à l’équité et aux libertés, celle
d’informer et les autres.

Inévitablement, et sans prétendre mettre en parallèle des situations
incomparables, le spectacle de policiers interpellant des enfants dans
leurs écoles ou sur leurs lieux de vacances réveille des images qu’on
souhaitait ne jamais plus revoir. Faudra-t-il constituer des réseaux
clandestins de protection des enfants de parents sans papiers pour les
protéger du sort honteux qui leur est promis par le ministre de
l’Intérieur
 : parents menottés et rudoyés sous leurs yeux, enfermés dans
ce qu’un rapport officiel appelle « les horreurs de la République »,
parents molestés quand ils font des difficultés à embarquer, scotchés à
leur siège d’avion. A partir de quel âge les mineurs reconduits sont-ils
aussi menottés ?

Ce que subissent Barbe MAKOMBO MBELU et ses enfants mais aussi, en ce
moment même, des centaines d’autres familles, est grave. Ce que des
dirigeants politiques irresponsables imposent aux services de l’Etat
chargés d’appliquer leurs décisions l’est aussi. « Les familles sans
papiers ne sont pas les seules victimes de cette politique démentielle :
les fonctionnaires chargés de l’appliquer le sont aussi, à leur façon.
Et avec eux toute la société. On leur fait faire un sale boulot. Ils en
sont conscients. Quelques uns craquent et cherchent à se faire muter.
D’autres, et c’est sans doute le plus grave, se soumettent, se blindent
et s’habituent à exécuter n’importe quel ordre. Cette politique est
malfaisante et dangereuse pour la démocratie
. » écrivait le RESF dans
son communiqué du 17 août.
Nous espérions n’avoir pas raison si tôt.

L’atteinte scandaleuse à la liberté de la presse, les coups de téléphone
d’intimidation à ceux qui soutiennent Barbe MAKOMBO MBELU dont des
militants du RESF sont des atteintes inadmissibles aux libertés
publiques.

Il est hors de question de laisser sacrifier aux ambitions du ministre
de l’Intérieur actuel les valeurs de justice, d’équité et de solidarité
que les enseignants, les parents et les individus attachés aux droits de
l’Homme que nous sommes sont chargés de transmettre aux jeunes
générations.

Le Réseau Education sans frontières appelle toutes les
organisations qui le composent, tous les syndicats, les associations et
les partis attachés aux libertés fondamentales à exprimer leur
indignation et à exiger des sanctions contre les responsables qui ont
organisé cette lamentable affaire.