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Solidarité avec les sans papiers

Pour nos élèves, Rachel, Jonathan, Grâce, Naomie et tant d’autres

paru le vendredi 3 novembre 2006

Ce sont nos élèves, des élèves que rien ne distingue de leurs camarades si ce n’est que leur vie est menacée, à chaque instant. Le refus des autorités d’accorder à leur famille le titre de séjour les prive du droit à une existence normale. Leur quotidien est entravé par la peur d’une expulsion pratiquée dans des conditions souvent honteuses, l’angoisse d’un avenir bouché, d’un retour dramatique et très risqué dans un pays dont ils ne savent rien.

Ce sont nos élèves et il nous est inconcevable de les imaginer menottés, entravés, bâillonnés et scotchés à leur siège d’avion pendant que leurs camarades étudieraient paisiblement Eluard (« j’écris ton nom, Liberté ») ou du Bellay (« France, mère des arts, des armes et des lois ») ; et que sans trembler, on effacerait des listes les noms et prénoms des bannis.

Ce sont nos élèves et nous considérons comme de notre devoir, nous enseignants, personnels des établissements scolaires, mais aussi parents, parfois militants associatifs, tous citoyens attachés à la défense des droits de l’Homme, d’agir pour tirer ces jeunes de la situation qui pourrit leur vie.

Agir pour les élèves concernés eux-mêmes, déjà souvent malmenés par des existences chaotiques : exilés, ayant parfois perdu un de leurs parents et traversé nombre d’épreuves. Il ne faut ajouter aux tragédies que sont les biographies de ces jeunes gens l’angoisse d’être expulsés d’un pays où ils avaient cru trouver un refuge ;

Mais agir aussi pour faire la démonstration aux yeux de nos élèves et de nos enfants que les discours sur les « valeurs » ne sont pas des mots creux. Il est du devoir de tous ceux qui ont une mission éducative, à commencer par nous, enseignants, de montrer à la jeune génération qu’on dit sans repères que la justice, l’altruisme, la solidarité, le dévouement à une cause commune ne sont pas des mots vides de sens. Et que certains adultes savent faire ce qu’il faut quand des jeunes sont victimes d’injustice ou plongés dans des situations intolérables.

Agir, enfin, avec les jeunes eux-mêmes. Qui, s’ils sont associés à des combats justes, renoueront avec des traditions de solidarité, d’engagement collectif qui leur permettront peut-être, leur vie durant, de faire en sorte que le monde dans lequel ils sont appelés à vivre soit ouvert à tous.

Ce sont nos élèves et nous en appelons à tous ceux que révoltent l’oppression et l’exclusion. Afin de peser ensemble pour que cesse l’insupportable situation que vivent les élèves sans-papiers scolarisés. Des élèves qui, pour nous, dans l’Yonne, ont notamment le nom, le visage, le sourire et l’envie de vivre de Rachel, Jonathan, Grâce et Naomie Makombo et de leur maman.

Jacques Pioch.