Accueil > S3 > Dossiers académiques > Système educatif > Collège > Formations réforme du collège : le SNES-FSU écrit au recteur

Insupportables, infantilisantes, perte de temps, inutiles, etc. les qualificatifs des collègues sont nombreux pour décrire les formations aux EPI et à l’AP.
Le SNES-FSU a écrit au recteur la lettre ci-dessous début mai.

Monsieur le Recteur,
Les formations relatives aux EPI et AP qui ont lieu actuellement mécontentent un nombre important de collègues.
En dehors du fait qu’ils sont nombreux à contester la réforme, comme notre organisation syndicale, ces formations sont loin de les convaincre de sa justesse … et à vrai dire les ont confortés dans l’idée que ni les EPI ni l’AP ne pouvaient résoudre les problèmes de certains élèves au collège.
Plusieurs protestations reviennent souvent dans les témoignages détaillés que nos collègues nous ont adressés, la perte de temps, l’ennui n’étant pas les moindres : « On nous a donc laissés dans le vide, sans aucune trame, aucun guide »
Tout d’abord, l’organisation est fréquemment remise en cause. De nombreux principaux ont organisé ces formations en désignant les collègues de préférence sur les journées où ils avaient le moins d’heures de cours … Il y a un vrai paradoxe à porter aux nues l’autonomie dans l’organisation des enseignements dans les établissements et opter pour une organisation bureaucratique des formations où des collègues sont réunis alors qu’ils ne travailleront pas ensemble, selon des affinités et des projets communs : « Ces formation EPI auraient dû avoir lieu dans les collège car il a été impossible de travailler car nous n’étions pas avec les collègues de notre collège avec qui on fait un EPI... », « L’après-midi, il nous est demandé de se mettre en groupe pour travailler les EPI et L’AP : le seul "petit " problème, c’est que les collègues présents ne sont pas obligatoirement en formation avec les collègues avec lesquels ils pourraient travailler leurs EPI, AP ». Cela a participé grandement au sentiment d’inutilité voire d’infantilisation largement éprouvé lors de ces journées : il fallait faire parce que c’était la consigne, tant pis si rien n’allait être transposable !
Une fois n’est pas coutume, nous ne comprenons pas comment les TZR sont traités : certains rattachés en lycée ne sont pas convoqués, d’autre si, des collègues rattachés en collège et y exerçant n’ont pas été convoqués non plus... Pour ces derniers, le maître mot des formations semblent être « il faudra vous adapter ». L’adaptation de la réforme aux contraintes de travail existe-elle, est-il prévu des formations pour aider ces collègues qui disent : « Dans notre établissement, la plupart des enseignants vont, dans les deux années à venir (démographie fléchissante) se retrouver sur plusieurs établissements. Comment un travail pluridisciplinaire sera-t-il faisable dans ces conditions ? » Qu’est-il prévu pour les collègues d’espagnol à qui on demande « de passer de 2 niveaux à 3 niveaux en un été, nous n’avons aucune formation ni aucune consigne claire »
Ensuite, il était pour le moins maladroit pour certains formateurs d’utiliser des documents estampillés SGEN comme cela s’est reproduit dans plusieurs formations. Faut-il en déduire que les services rectoraux, l’administration de l’Education Nationale font la promotion d’un syndicat minoritaire (mais qui a pour lui d’être un fervent défenseur de la réforme, il est vrai) ? De même, des collègues ont fortement critiqué certains formateurs du 1er degré ou d’autres enseignant en lycée et utilisant leur expérience comme exemples (pourtant très éloignée de la réalité de l’enseignement en collège) : « une matinée entière à visionner, puis analyser la vidéo d
une séance de pédagogie différenciée ... en primaire ». Pour certains collègues, les formateurs … n’étaient pas assez formés eux-mêmes, il avait souvent peu de contenus apporté ou un contenu qui n’était pas adapté : « Des vidéos (notamment pour l’AP) nous ont été présentées : quand je l’ai regardé j’ai eu le sentiment d’être prise pour une idiote : 13 ans que j’enseigne au collège... je connais le public... et là ils nous montrent une vidéo complément en décalage avec le terrain : 6 élèves en AP, des élèves qui ont un vocabulaire très poussé... enfin tout ce qu’on a pas ». Quant au travail en « ilôts » qui devient LA solution même pour les formations avec des tables recouvertes de fraises Tagada et oursons en guimauve … nous vous laissons apprécier … A d’autres moments, les formateurs sont apparus peu à l’aise : « "oui, effectivement, on a bien conscience des difficultés que cela va engendrer, mais maintenant il faut faire avec... », « comme certains nous l’ont dit, ils ont été gentiment contraints de devenir formateurs », « malgré la bonne volonté des collègues formateurs envoyés au casse-pipe nous perdons notre temps »
Enfin, les contradictions entre les formateurs (par exemple entre les formations disciplinaires –plus appréciées car en prise avec les programmes- et les formations EPI et AP) sont également légion. En revanche, certaines interventions de stagiaires étaient très malvenues, notamment celles contestant le bien fondé de tel ou tel aspect de la réforme. Nous avons même connu certains formateurs appelant à la rescousse des IPR, des IPR intervenant auprès de chefs d’établissement, des menaces indignes en direction de collègues : « on nous a dit de nous taire sinon les formateurs feraient un rapport au chef d’établissement ». Suite à ces formations certains collègues ayant osé mettre par écrit leurs légitimes inquiétudes quant à la prochaine rentrée ont été invités, convoqués, à une réunion avec leur IPR. Réunion qui s’est vite avérée anxiogène et difficile à supporter pour ces collègues. Quelques d’entre eux se sont même vus promettre une inspection rapide, annonce mal vécue étant donné le contexte...