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Le petit Nicolas et ses amis dans le meilleur des mondes

Sarkozy a des idées... Beurk !

paru le samedi 25 février 2006

Le rapport préliminaire (http://cirdel.lyon.free.fr/IMG/pdf/rapport_BENISTI_prevention.pdf) du Groupe d’Etude parlementaire sur la sécurité intérieure présidé par Mr Bénisti avait déjà fait grand bruit en 2004 en faisant l’amalgame entre immigration et délinquance.
En voici quelques extraits :
 « Si ces derniers (les parents) sont d’origine étrangère ils devront s’obliger à parler le Français dans leur foyer pour habituer les enfants à n’avoir que cette langue pour s’exprimer. »
 « Mais si elles (les mères) sentent dans certains cas des réticences de la part des pères, qui exigent souvent le parler patois du pays à la maison, elles seront dissuadées de le faire ».

Le prochain projet de loi sur la prévention de la délinquance s’appuiera sur les propositions du rapport Bénisti ; mais pourrait être aussi inspiré par d’autres études, notamment celle de l’INSERM.

Avec l’INSERM, il s’agit d’introduire une bonne dose de rationalité dans tout ça et d’appliquer des méthodes scientifiques, on parle alors de « dépistage précoce » de la délinquance. La récente expertise de l’INSERM « Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » (http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble_conduites/trouble_conduites_synthese.pdf) pourrait être récupérée par le petit Nicolas et ses amis pour renforcer l’idéologie sécuritaire ambiante en faisant l’amalgame entre délinquance et pathologie. C’est un raccourci bien pratique en effet, car il élude du coup bien des questions notamment les questions sociales et d’éducation. La délinquance est en effet beaucoup plus liée à la pauvreté socio-économique et culturelle.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : (http://hcsp.ensp.fr/hcspi/explore.cgi/ad442125.pdf) :
 « À l’arrivée en prison, 17,5 % des entrants disent ne pas avoir de protection sociale. »
 « Les résultats montrent que les hommes des classes populaires sont fortement surreprésentés parmi les détenus. Ils ont en général fait des études plus courtes : plus du quart ont quitté l’école avant 16 ans, les trois quarts avant 18 ans »
 « La profession des parents confirme la surreprésentation des classes de faible revenu : 47 % des pères et 31% des mères sont ouvriers. Plus de la moitié (54%) des mères sont inactives. »

Les mesures gouvernementales, qui ont fait diminuer fortement certains budgets, ont mis en difficulté des associations qui travaillent en direction des populations défavorisées et qui peuvent intervenir sur l’intégration, la parentalité... La diminution incessante du nombre de postes dans l’éducation nationale ne permet pas non plus de « tirer » certains jeunes vers le haut : la scolarisation des enfants dès deux ans ne progresse plus, les classes sont de plus en plus chargées en collège et en lycée.

Le petit Nicolas et ses amis aiment bien les solutions simples : il faudrait soigner tous ces prédélinquants potentiels, dès la naissance (et pourquoi pas avant) avec des pilules miracles avant qu’ils ne tombent dans la déviance.
Pourtant la maladie la plus grave est la misère économique, sociale et culturelle qui frappe une part de plus en plus importante de la population ; Et là, point de remède miracle, car malgré presque quatre ans de gouvernement, la majorité actuelle n’a aucunement amélioré la situation.
David Chynel