<font
size="3">Présentation
des enjeux et objectifs de la réforme du lycée
Vers
un lycée qui assure la réussite de chaque
élève
En
l’espace d’une génération, le lycée a ouvert grand
ses portes.
Il a contribué à élever le niveau de qualification
d’un nombre
croissant de jeunes Français : aujourd’hui, 66 % d’une classe
d’âge obtient le baccalauréat contre moins de 26 % en 1980.
Mais
force est de constater qu’il n’a pas atteint tous ses objectifs.
Deux réalités pour s’en convaincre : chaque année,
plus de 50
000 jeunes quittent définitivement le lycée sans le
baccalauréat
et un étudiant sur deux échoue en première
année universitaire.
Conformément
à l’ambition du Président de la République, nous
réformons
aujourd’hui le lycée général et technologique,
après avoir
réformé le lycée professionnel. Nous voulons qu’il
tienne à
nouveau toutes ses promesses. Un lycée qui réussit, c’est
un
lycée qui fait réussir chaque élève, c’est
un lycée qui offre
à chacun une perspective d’avenir.
Le
lycée que nous voulons, c’est un lycée qui refuse tous
les
fatalismes, un lycée qui tire vers le haut tous les
élèves, un
lycée qui permet aux plus méritants d’atteindre
l’excellence.
Une
orientation plus personnelle, progressive et continue, un
accompagnement personnalisé tout au long de la scolarité,
une
ouverture plus grande du lycée sur son époque.
Voilà les trois
chantiers essentiels qui guident notre réforme et sur lesquels
je
vous propose des mesures, inspirées des consultations
menées depuis
près d’un an par Richard Descoings, par la mission parlementaire
de Benoist Apparu et par l’ensemble des académies.
Ces
propositions, je vous les présente dans un esprit de dialogue et
de
responsabilité, pour une entrée en vigueur dès
septembre 2010 pour
la classe de seconde.
Ce
lycée de demain, ce lycée au service de la
réussite de chacun,
c’est ensemble que nous allons le bâtir. Parce qu’il en va de
l’avenir de notre jeunesse, de toute notre jeunesse.
Luc
Chatel
Ministre de l’Éducation
nationale
Porte-parole du Gouvernement
Aujourd’hui
L’orientation
est brutale et définitive
L’orientation
est trop souvent irréversible. Dès l’âge de 15 ans,
pour la plupart des lycéens, le choix des enseignements de
détermination, d’une voie ou d’une série enferme
l’élève dans un parcours, sans véritable
possibilité de changement.
Le redoublement est trop
fréquemment l’unique réponse aux difficultés des
lycéens.
À l’issue de la classe de
seconde, près d’un élève sur cinq ne passe pas en
classe de première : ils redoublent, sont
réorientés ou quittent le lycée. Les
lycéens sont privés de la seconde chance à
laquelle ils doivent pouvoir prétendre.
L’orientation est source
d’angoisse pour les élèves et les familles.
Demain
Une
orientation progressive et réversible
Dédramatiser
l’orientation grâce à des corrections de trajectoire
possibles aux moments clés de la scolarité.
Faire de la classe de seconde un
vrai moment de détermination.
Réduire les redoublements,
dans l’intérêt des élèves, chaque fois que
c’est possible.
Aujourd’hui
L’orientation
est trop élitiste
Il existe un
grand déséquilibre entre les séries : 50 % des
élèves de la voie générale choisissent la
série scientifique (S) parce qu’elle offre un large accès
à l’enseignement supérieur.
Paradoxalement, certaines formations
scientifiques du supérieur connaissent des problèmes de
recrutement.
Les débouchés des
autres séries en termes de poursuite d’études et d’emploi
ne sont pas suffisamment identifiés et valorisés.
Les séries sciences et
technologies industrielles (S.T.I.) et de laboratoire (S.T.L.) et leurs
programmes n’ont pas été rénovés depuis
1993.
Demain
Une
orientation ouverte à tous les talents
Rééquilibrer
les filières en diversifiant les voies d’excellence. Les talents
sont multiples, les voies de la réussite doivent l’être
aussi.
Rénover les séries
technologiques (S.T.I. et S.T.L.) pour les rendre plus lisibles et
mieux préparer les lycéens aux études
supérieures.
Permettre à la
série littéraire (L) d’offrir des débouchés
plus ouverts vers les classes préparatoires et les études
universitaires.
Aujourd’hui
L’orientation
est subie
Aujourd’hui, en
classe de seconde, un enfant d’ouvrier a cinq fois moins de chances
d’arriver en classe préparatoire qu’un enfant issu d’un milieu
favorisé.
Les dispositifs d’information sur
les cursus de l’enseignement supérieur, les
débouchés et l’insertion professionnelle sont à la
fois insuffisants et complexes.
L’environnement social est
discriminatoire pour le choix des parcours d’excellence : c’est
l’orientation choisie pour les initiés et l’orientation subie
pour les autres.
Les réalités de
l’entreprise et du marché de l’emploi sont trop souvent
méconnues.
Demain
Une
orientation éclairée
Renforcer,
notamment grâce aux nouvelles technologies, les dispositifs
d’information pour une meilleure compréhension des cursus, des
formations dans l’enseignement supérieur et des perspectives en
termes d’emploi.
Permettre l’élaboration de
projets d’orientation réfléchis grâce à un
accompagnement personnalisé.
Multiplier les rencontres entre
élèves et acteurs économiques pour une meilleure
connaissance des métiers et des formations.
Permettre
les corrections de trajectoire
Des sas de
complément de programmes, pendant les vacances scolaires, pour
permettre les corrections de trajectoire entre les séries au
cours ou à la fin de l’année
Une classe de première avec
un tronc commun et des enseignements de spécialité
autorisant les corrections de trajectoire au cours ou à la fin
de l’année
Deux enseignements d’exploration
en classe de seconde, au lieu d’un seul, pour découvrir de
nouvelles disciplines et mieux choisir son parcours
Proposer
aux élèves volontaires un sas de remise à niveau
durant les
vacances scolaires pour réduire les redoublements
Accompagner
les élèves
Un tutorat pour
suivre individuellement chaque élève dès la classe
de seconde
Une orientation active dès la
classe de première
Une information accessible à
tous à partir d’un numéro et d’un site uniques
grâce à la généralisation de plateformes
numériques
Des forums sur les métiers
associant les parents d’élèves
Un temps consacré à
l’orientation inscrit dans l’horaire de l’élève
Un « passeport orientation
et formation » pour chaque élève
Rééquilibrer
les séries générales et technologiques
Rénover
les programmes, repenser l’organisation pédagogique des
séries S.T.I. et S.T.L.
Renforcer l’attractivité
de la série L avec l’introduction d’enseignements nouveaux
Aujourd’hui
Le
lycée ne prend pas assez en considération les besoins de
chaque
élève
50 000
élèves quittent le lycée sans le
baccalauréat, chaque année.
40 % des bacheliers ont
redoublé au moins une fois au cours de leur scolarité.
50 % des étudiants
échouent lors de leur première année
universitaire, parce qu’ils n’ont pas acquis au lycée les
méthodes de travail et l’autonomie nécessaires.
Pourtant, l’emploi du temps des
lycéens français est, en moyenne, plus chargé de
25 % que dans les autres pays de l’O.C.D.E.
Demain
Un
lycée qui accompagne chaque élève
Permettre
à chaque lycéen de réussir et à chaque
lycée d’être un lieu d’excellence.
Mettre en place un accompagnement
personnalisé pour tous, de la seconde à la terminale,
sans alourdir l’emploi du temps de l’élève, avec
notamment les objectifs suivants :
– apporter un soutien aux élèves qui rencontrent des
difficultés, dans les disciplines comme dans les méthodes,
– permettre aux élèves d’approfondir leurs connaissances,
– donner aux élèves des méthodes qui faciliteront
leur transition vers l’enseignement supérieur,
– accompagner le projet d’orientation.
Aujourd’hui
L’organisation
et la vie du lycée sont essentiellement définies au
niveau central
Les
équipes pédagogiques disposent de marges de manoeuvre
insuffisantes pour atteindre les objectifs déterminés par
les programmes nationaux.
Le lycée d’aujourd’hui est
trop contraint pour permettre aux équipes pédagogiques de
proposer une réponse adaptée aux besoins de chaque
lycéen.
Demain
Un
lycée qui laisse la place aux initiatives
Les objectifs,
les programmes et les examens relèvent de la seule
compétence nationale : ils restent nationaux. Ils doivent
être garantis à tous les élèves, sur
l’ensemble du territoire.
Dans ce cadre, les
méthodes pour atteindre les objectifs et pour mettre en oeuvre
les programmes nationaux doivent reposer sur la prise d’initiative, la
responsabilité et la capacité d’innovation accrue des
chefs d’établissement et des équipes pédagogiques.
Mettre
en place deux heures d’accompagnement personnalisé par semaine
et
pour tous, de la seconde à la terminale, sans alourdir l’emploi
du
temps des élèves
Aider ceux qui
rencontrent des difficultés, avant qu’elles ne s’enracinent,
pour prévenir l’échec et le décrochage
Développer les
capacités d’autonomie, acquérir des méthodes,
approfondir des sujets, s’entraîner à la prise de parole
et à la prise de notes
Apporter aide et conseil pour
l’orientation ou les changements de voie
Mettre
en place des sas de complément de programmes, pendant les
vacances
scolaires, pour permettre les corrections de trajectoire entre les
séries au cours ou à la fin de l’année
Proposer
aux élèves volontaires des sas de remise à niveau
durant les
vacances scolaires pour réduire les redoublements
Dégager
en termes horaires des marges de manœuvre au sein de chaque
établissement pour mieux répondre à la
diversité des situations
Aujourd’hui
Les
bacheliers maîtrisent mal les langues étrangères,
notamment à
l’oral
Alors que les
langues étrangères sont indispensables pour être un
acteur du monde d’aujourd’hui.
Alors que les langues
étrangères sont un des principaux critères de
sélection pour accéder aux filières d’excellence
et à l’emploi.
Alors que les langues
étrangères sont indispensables pour les échanges
scientifiques, culturels et professionnels.
Demain
Des
bacheliers qui parlent les langues étrangères
Offrir aux
lycéens une formation leur permettant de maîtriser tant
à l’oral qu’à l’écrit au moins deux langues
étrangères, dont l’anglais.
Favoriser les échanges
européens et internationaux.
Aujourd’hui
Une
ouverture inégale à la culture
Le lycée
n’arrive pas à réduire les inégalités
d’accès à la culture liées aux origines sociales.
Le cadre actuel du lycée ne
favorise pas toujours le développement des projets culturels.
L’inégalité
d’accès à la culture accentue les discriminations dans
l’accès aux filières sélectives (classes
préparatoires et concours d’accès aux grandes
écoles).
Demain
Un
accès plus large à la culture pour tous les lycéens
Ouvrir davantage
les lycées sur le monde de la culture.
Encourager les
élèves à participer à la vie culturelle
locale et nationale.
Aujourd’hui
Une
formation insuffisante à la prise de responsabilité
Les textes
portant sur les droits et devoirs des lycéens (créer son
association, tenir une réunion, publier un journal, etc.) ont
été écrits il y a presque 20 ans.
La participation des
lycéens à la vie de l’établissement n’est pas
valorisée dans la scolarité.
Demain
Un
apprentissage renforcé de la responsabilité
Valoriser
l’engagement et l’esprit d’initiative de chacun : monter et financer un
projet, représenter ses pairs, s’associer aux prises de
décision, etc.
Accroître le rôle des
instances représentatives des lycéens (C.V.L.).
Généraliser
l’apprentissage des langues étrangères en groupes de
compétences
Développer les enseignements
en langues étrangères (histoire, sciences, etc.)
Poser le principe que chaque
établissement doit nouer un partenariat avec au moins un
établissement européen et favoriser les partenariats avec
des établissements étrangers
Favoriser les séjours
linguistiques au cours de la scolarité et les valoriser dans le
cursus de l’élève
Renforcer l’apprentissage oral des
langues étrangères grâce à l’usage des
nouvelles technologies
Instituer un «
référent culture » dans chaque lycée
Permettre l’accès aux films
du patrimoine grâce à un service de vidéo à
la demande dans les établissements
Informer sur l’actualité
culturelle nationale et locale
Permettre la diffusion des
manifestations culturelles nationales via les nouvelles technologies
Favoriser des programmes
d’enseignement davantage tournés vers la culture
Mettre en place le livret de
compétences
Moderniser les textes
régissant les droits et les devoirs des lycéens en
associant le Conseil national de la vie lycéenne à leur
réécriture
Renforcer la formation des
délégués de classe et des membres des conseils des
délégués pour la vie lycéenne
Valoriser l’engagement des
lycéens en reconnaissant leurs initiatives, y compris en dehors
du temps scolaire
Développer les nouvelles
technologies pour un meilleur travail participatif au sein des
instances académiques de la vie lycéenne
Faciliter la création et
la gestion d’associations par les lycéens dans les domaines
culturels et sportifs
Publication
du rapport d’information de la commission des affaires culturelles,
familiales et sociales sur la réforme du lycée, à
la suite de la
mission parlementaire de Benoist Apparu.
Remise
des "Préconisations sur la réforme du lycée" par
Richard
Descoings au Président de la République :
80 tables rondes
organisées entre mars et mai 2009, dans les lycées de 76
départements avec 70 à 200 personnes,
plusieurs milliers de
contributions écrites et de vidéos postées sur le
site internet.
Réunion
du Conseil national de la vie lycéenne pour exposer les
réflexions
des lycéens sur la réforme du lycée, issues des
consultations
académiques.
Une
participation à la consultation de plus de 1 300 lycées.
Des conseils académiques de
la vie lycéenne exceptionnels dans toutes les académies.
Une centaine de réunions
interconseils de la vie lycéenne organisée dans toute la
France.
Demande
de Luc Chatel aux organisations syndicales, aux organisations
lycéennes et aux représentants des parents
d’élèves de formuler
leurs propositions écrites sur la base des préconisations
de
Richard Descoings.
Rencontres
avec les organisations syndicales, lycéennes et les
représentants
des parents d’élèves.
Présentation
des enjeux et des objectifs de la réforme du lycée par le
Président
de la République. Présentation du projet de
réforme par le
Ministre à l’occasion d’une session exceptionnelle du Conseil
national de la vie lycéenne.
Présentation
du projet aux instances de concertation.
Mise
en œuvre de la réforme de la classe de seconde.
Mise
en œuvre de la réforme de la classe de première.
Mise
en œuvre de la réforme de la classe de terminale.