Vers un nouveau lycée en 2010

Information - Luc Chatel 13/10/2009

paru le mercredi 14 octobre 2009

 <font
size="3">Présentation
des enjeux et objectifs de la réforme du lycée

Vers
un lycée qui assure la réussite de chaque
élève

En
l’espace d’une génération, le lycée a ouvert grand
ses portes.
Il a contribué à élever le niveau de qualification
d’un nombre
croissant de jeunes Français : aujourd’hui, 66 % d’une classe
d’âge obtient le baccalauréat contre moins de 26 % en 1980.

Mais
force est de constater qu’il n’a pas atteint tous ses objectifs.
Deux réalités pour s’en convaincre : chaque année,
plus de 50
000 jeunes quittent définitivement le lycée sans le
baccalauréat
et un étudiant sur deux échoue en première
année universitaire.

Conformément
à l’ambition du Président de la République, nous
réformons
aujourd’hui le lycée général et technologique,
après avoir
réformé le lycée professionnel. Nous voulons qu’il
tienne à
nouveau toutes ses promesses. Un lycée qui réussit, c’est
un
lycée qui fait réussir chaque élève, c’est
un lycée qui offre
à chacun une perspective d’avenir.

Le
lycée que nous voulons, c’est un lycée qui refuse tous
les
fatalismes, un lycée qui tire vers le haut tous les
élèves, un
lycée qui permet aux plus méritants d’atteindre
l’excellence.

Une
orientation plus personnelle, progressive et continue, un
accompagnement personnalisé tout au long de la scolarité,
une
ouverture plus grande du lycée sur son époque.
Voilà les trois
chantiers essentiels qui guident notre réforme et sur lesquels
je
vous propose des mesures, inspirées des consultations
menées depuis
près d’un an par Richard Descoings, par la mission parlementaire
de Benoist Apparu et par l’ensemble des académies.

Ces
propositions, je vous les présente dans un esprit de dialogue et
de
responsabilité, pour une entrée en vigueur dès
septembre 2010 pour
la classe de seconde.

Ce
lycée de demain, ce lycée au service de la
réussite de chacun,
c’est ensemble que nous allons le bâtir. Parce qu’il en va de
l’avenir de notre jeunesse, de toute notre jeunesse.

Luc
Chatel

Ministre de l’Éducation
nationale
Porte-parole du Gouvernement

 Mieux orienter

 Pour une orientation plus progressive

Aujourd’hui
L’orientation
est brutale et définitive

  • L’orientation
    est trop souvent irréversible. Dès l’âge de 15 ans,
    pour la plupart des lycéens, le choix des enseignements de
    détermination, d’une voie ou d’une série enferme
    l’élève dans un parcours, sans véritable
    possibilité de changement.

  • Le redoublement est trop
    fréquemment l’unique réponse aux difficultés des
    lycéens.

  • À l’issue de la classe de
    seconde, près d’un élève sur cinq ne passe pas en
    classe de première : ils redoublent, sont
    réorientés ou quittent le lycée. Les
    lycéens sont privés de la seconde chance à
    laquelle ils doivent pouvoir prétendre.

  • L’orientation est source
    d’angoisse pour les élèves et les familles.

Demain
Une
orientation progressive et réversible

  • Dédramatiser
    l’orientation grâce à des corrections de trajectoire
    possibles aux moments clés de la scolarité.

  • Faire de la classe de seconde un
    vrai moment de détermination.

  • Réduire les redoublements,
    dans l’intérêt des élèves, chaque fois que
    c’est possible.

Pour une orientation plus ouverte

Aujourd’hui
L’orientation
est trop élitiste

  • Il existe un
    grand déséquilibre entre les séries : 50 % des
    élèves de la voie générale choisissent la
    série scientifique (S) parce qu’elle offre un large accès
    à l’enseignement supérieur.

  • Paradoxalement, certaines formations
    scientifiques du supérieur connaissent des problèmes de
    recrutement.

  • Les débouchés des
    autres séries en termes de poursuite d’études et d’emploi
    ne sont pas suffisamment identifiés et valorisés.

  • Les séries sciences et
    technologies industrielles (S.T.I.) et de laboratoire (S.T.L.) et leurs
    programmes n’ont pas été rénovés depuis
    1993.

Demain
Une
orientation ouverte à tous les talents

  • Rééquilibrer
    les filières en diversifiant les voies d’excellence. Les talents
    sont multiples, les voies de la réussite doivent l’être
    aussi.

  • Rénover les séries
    technologiques (S.T.I. et S.T.L.) pour les rendre plus lisibles et
    mieux préparer les lycéens aux études
    supérieures.

  • Permettre à la
    série littéraire (L) d’offrir des débouchés
    plus ouverts vers les classes préparatoires et les études
    universitaires.

Pour une orientation plus juste

Aujourd’hui
L’orientation
est subie

  • Aujourd’hui, en
    classe de seconde, un enfant d’ouvrier a cinq fois moins de chances
    d’arriver en classe préparatoire qu’un enfant issu d’un milieu
    favorisé.

  • Les dispositifs d’information sur
    les cursus de l’enseignement supérieur, les
    débouchés et l’insertion professionnelle sont à la
    fois insuffisants et complexes.

  • L’environnement social est
    discriminatoire pour le choix des parcours d’excellence : c’est
    l’orientation choisie pour les initiés et l’orientation subie
    pour les autres.

  • Les réalités de
    l’entreprise et du marché de l’emploi sont trop souvent
    méconnues.

Demain
Une
orientation éclairée

  • Renforcer,
    notamment grâce aux nouvelles technologies, les dispositifs
    d’information pour une meilleure compréhension des cursus, des
    formations dans l’enseignement supérieur et des perspectives en
    termes d’emploi.

  • Permettre l’élaboration de
    projets d’orientation réfléchis grâce à un
    accompagnement personnalisé.

  • Multiplier les rencontres entre
    élèves et acteurs économiques pour une meilleure
    connaissance des métiers et des formations.

Mesures proposées

Permettre
les corrections de trajectoire

  • Des sas de
    complément de programmes, pendant les vacances scolaires, pour
    permettre les corrections de trajectoire entre les séries au
    cours ou à la fin de l’année

  • Une classe de première avec
    un tronc commun et des enseignements de spécialité
    autorisant les corrections de trajectoire au cours ou à la fin
    de l’année

  • Deux enseignements d’exploration
    en classe de seconde, au lieu d’un seul, pour découvrir de
    nouvelles disciplines et mieux choisir son parcours

Proposer
aux élèves volontaires un sas de remise à niveau
durant les
vacances scolaires pour réduire les redoublements

Accompagner
les élèves

  • Un tutorat pour
    suivre individuellement chaque élève dès la classe
    de seconde

  • Une orientation active dès la
    classe de première

  • Une information accessible à
    tous à partir d’un numéro et d’un site uniques
    grâce à la généralisation de plateformes
    numériques

  • Des forums sur les métiers
    associant les parents d’élèves

  • Un temps consacré à
    l’orientation inscrit dans l’horaire de l’élève

  • Un « passeport orientation
    et formation » pour chaque élève

Rééquilibrer
les séries générales et technologiques

  • Rénover
    les programmes, repenser l’organisation pédagogique des
    séries S.T.I. et S.T.L.

  • Renforcer l’attractivité
    de la série L avec l’introduction d’enseignements nouveaux

Mieux accompagner chaque lycéen

Pour tous, un accompagnement personnalisé

Aujourd’hui
Le
lycée ne prend pas assez en considération les besoins de
chaque
élève

  • 50 000
    élèves quittent le lycée sans le
    baccalauréat, chaque année.

  • 40 % des bacheliers ont
    redoublé au moins une fois au cours de leur scolarité.

  • 50 % des étudiants
    échouent lors de leur première année
    universitaire, parce qu’ils n’ont pas acquis au lycée les
    méthodes de travail et l’autonomie nécessaires.

  • Pourtant, l’emploi du temps des
    lycéens français est, en moyenne, plus chargé de
    25 % que dans les autres pays de l’O.C.D.E.


Demain
Un
lycée qui accompagne chaque élève

  • Permettre
    à chaque lycéen de réussir et à chaque
    lycée d’être un lieu d’excellence.

  • Mettre en place un accompagnement
    personnalisé pour tous, de la seconde à la terminale,
    sans alourdir l’emploi du temps de l’élève, avec
    notamment les objectifs suivants :

     apporter un soutien aux élèves qui rencontrent des
    difficultés, dans les disciplines comme dans les méthodes,

     permettre aux élèves d’approfondir leurs connaissances,

     donner aux élèves des méthodes qui faciliteront
    leur transition vers l’enseignement supérieur,

     accompagner le projet d’orientation.

Dans un cadre national réaffirmé, plus d’initiatives et de responsabilités

Aujourd’hui
L’organisation
et la vie du lycée sont essentiellement définies au
niveau central

  • Les
    équipes pédagogiques disposent de marges de manoeuvre
    insuffisantes pour atteindre les objectifs déterminés par
    les programmes nationaux.

  • Le lycée d’aujourd’hui est
    trop contraint pour permettre aux équipes pédagogiques de
    proposer une réponse adaptée aux besoins de chaque
    lycéen.

Demain
Un
lycée qui laisse la place aux initiatives

  • Les objectifs,
    les programmes et les examens relèvent de la seule
    compétence nationale : ils restent nationaux. Ils doivent
    être garantis à tous les élèves, sur
    l’ensemble du territoire.

  • Dans ce cadre, les
    méthodes pour atteindre les objectifs et pour mettre en oeuvre
    les programmes nationaux doivent reposer sur la prise d’initiative, la
    responsabilité et la capacité d’innovation accrue des
    chefs d’établissement et des équipes pédagogiques.

Mesures proposées

Mettre
en place deux heures d’accompagnement personnalisé par semaine
et
pour tous, de la seconde à la terminale, sans alourdir l’emploi
du
temps des élèves

  • Aider ceux qui
    rencontrent des difficultés, avant qu’elles ne s’enracinent,
    pour prévenir l’échec et le décrochage

  • Développer les
    capacités d’autonomie, acquérir des méthodes,
    approfondir des sujets, s’entraîner à la prise de parole
    et à la prise de notes

  • Apporter aide et conseil pour
    l’orientation ou les changements de voie

Mettre
en place des sas de complément de programmes, pendant les
vacances
scolaires, pour permettre les corrections de trajectoire entre les
séries au cours ou à la fin de l’année

Proposer
aux élèves volontaires des sas de remise à niveau
durant les
vacances scolaires pour réduire les redoublements

Dégager
en termes horaires des marges de manœuvre au sein de chaque
établissement pour mieux répondre à la
diversité des situations

Mieux s’adapter à son époque

Pour un lycée qui favorise l’apprentissage des langues étrangères

Aujourd’hui
Les
bacheliers maîtrisent mal les langues étrangères,
notamment à
l’oral

  • Alors que les
    langues étrangères sont indispensables pour être un
    acteur du monde d’aujourd’hui.

  • Alors que les langues
    étrangères sont un des principaux critères de
    sélection pour accéder aux filières d’excellence
    et à l’emploi.

  • Alors que les langues
    étrangères sont indispensables pour les échanges
    scientifiques, culturels et professionnels.

Demain
Des
bacheliers qui parlent les langues étrangères

  • Offrir aux
    lycéens une formation leur permettant de maîtriser tant
    à l’oral qu’à l’écrit au moins deux langues
    étrangères, dont l’anglais.

  • Favoriser les échanges
    européens et internationaux.

Pour un lycée qui favorise l’accès à la culture

Aujourd’hui
Une
ouverture inégale à la culture

  • Le lycée
    n’arrive pas à réduire les inégalités
    d’accès à la culture liées aux origines sociales.

  • Le cadre actuel du lycée ne
    favorise pas toujours le développement des projets culturels.

  • L’inégalité
    d’accès à la culture accentue les discriminations dans
    l’accès aux filières sélectives (classes
    préparatoires et concours d’accès aux grandes
    écoles).

Demain
Un
accès plus large à la culture pour tous les lycéens

  • Ouvrir davantage
    les lycées sur le monde de la culture.

  • Encourager les
    élèves à participer à la vie culturelle
    locale et nationale.

 Pour un lycée qui favorise la responsabilisation des lycéens

Aujourd’hui
Une
formation insuffisante à la prise de responsabilité

  • Les textes
    portant sur les droits et devoirs des lycéens (créer son
    association, tenir une réunion, publier un journal, etc.) ont
    été écrits il y a presque 20 ans.

  • La participation des
    lycéens à la vie de l’établissement n’est pas
    valorisée dans la scolarité.


Demain
Un
apprentissage renforcé de la responsabilité

  • Valoriser
    l’engagement et l’esprit d’initiative de chacun : monter et financer un
    projet, représenter ses pairs, s’associer aux prises de
    décision, etc.

  • Accroître le rôle des
    instances représentatives des lycéens (C.V.L.).

Mesures proposées
  • Généraliser
    l’apprentissage des langues étrangères en groupes de
    compétences

  • Développer les enseignements
    en langues étrangères (histoire, sciences, etc.)

  • Poser le principe que chaque
    établissement doit nouer un partenariat avec au moins un
    établissement européen et favoriser les partenariats avec
    des établissements étrangers

  • Favoriser les séjours
    linguistiques au cours de la scolarité et les valoriser dans le
    cursus de l’élève

  • Renforcer l’apprentissage oral des
    langues étrangères grâce à l’usage des
    nouvelles technologies

  • Instituer un « 
    référent culture » dans chaque lycée

  • Permettre l’accès aux films
    du patrimoine grâce à un service de vidéo à
    la demande dans les établissements

  • Informer sur l’actualité
    culturelle nationale et locale

  • Permettre la diffusion des
    manifestations culturelles nationales via les nouvelles technologies

  • Favoriser des programmes
    d’enseignement davantage tournés vers la culture

  • Mettre en place le livret de
    compétences

  • Moderniser les textes
    régissant les droits et les devoirs des lycéens en
    associant le Conseil national de la vie lycéenne à leur
    réécriture

  • Renforcer la formation des
    délégués de classe et des membres des conseils des
    délégués pour la vie lycéenne

  • Valoriser l’engagement des
    lycéens en reconnaissant leurs initiatives, y compris en dehors
    du temps scolaire

  • Développer les nouvelles
    technologies pour un meilleur travail participatif au sein des
    instances académiques de la vie lycéenne

  • Faciliter la création et
    la gestion d’associations par les lycéens dans les domaines
    culturels et sportifs

Les étapes de la réforme du lycée


Mai 2009

Publication
du rapport d’information de la commission des affaires culturelles,
familiales et sociales sur la réforme du lycée, à
la suite de la
mission parlementaire de Benoist Apparu.

Juin 2009

Remise
des "Préconisations sur la réforme du lycée" par
Richard
Descoings au Président de la République :

  • 80 tables rondes
    organisées entre mars et mai 2009, dans les lycées de 76
    départements avec 70 à 200 personnes,

  • plusieurs milliers de
    contributions écrites et de vidéos postées sur le
    site internet.

Réunion
du Conseil national de la vie lycéenne pour exposer les
réflexions
des lycéens sur la réforme du lycée, issues des
consultations
académiques.

  • Une
    participation à la consultation de plus de 1 300 lycées.

  • Des conseils académiques de
    la vie lycéenne exceptionnels dans toutes les académies.

  • Une centaine de réunions
    interconseils de la vie lycéenne organisée dans toute la
    France.

Juillet 2009

Demande
de Luc Chatel aux organisations syndicales, aux organisations
lycéennes et aux représentants des parents
d’élèves de formuler
leurs propositions écrites sur la base des préconisations
de
Richard Descoings.

Septembre 2009

Rencontres
avec les organisations syndicales, lycéennes et les
représentants
des parents d’élèves.

13 octobre 2009

Présentation
des enjeux et des objectifs de la réforme du lycée par le
Président
de la République. Présentation du projet de
réforme par le
Ministre à l’occasion d’une session exceptionnelle du Conseil
national de la vie lycéenne.

Octobre - Novembre 2009

Présentation
du projet aux instances de concertation.

Septembre 2010

Mise
en œuvre de la réforme de la classe de seconde.

Septembre 2011

Mise
en œuvre de la réforme de la classe de première.

Septembre 2012

Mise
en œuvre de la réforme de la classe de terminale.