Saison 1 : salaires et promesses présidentielles, la tromperie

Ou comment les 10% pour tout le monde deviennent 10% en moyenne… Les 5 épisodes de la saison 1 à retrouver en ligne

Saison 2 : salaires, de nouvelles approximations qui confirment la tromperie

Emmanuel Macron a dit janvier 2023. Pap Ndiaye dit septembre 2023. Choisissez votre promesse ! A revoir en vidéo

Saison 3 : les rois de l’arnaque !

épisode 1 : Des annonces bientôt…enfin peut-être

Lors du début des discussions salariales entre octobre et novembre 2022, le ministère est clair : cette première phase est celle du constat, puis il faudra « aller vite en janvier » pour les arbitrages sur la partie socle et la partie pacte. Les discussions reprennent en janvier et achoppent, sans surprise, sur le pacte, dénoncé par toutes les organisations syndicales. Le ministère se met alors à évoquer la mi-mars au plus tard. Pour mieux abandonner le pacte en écoutant les syndicats ? Même pas : le ministre persiste et signe quitte à déformer un peu la réalité (voir ci-dessous). Englué dans le conflit sur la réforme des retraites et refusant la solution de sagesse et de responsabilité qui consisterait à retirer la réforme, le gouvernement gèle toutes les annonces, notamment sur le dossier salaires dans l’Éducation nationale. Le ministère évoque alors des annonces fin mars.

Nous voilà un peu après la fin mars, le 2 avril…. les personnels découvrent un nouveau calendrier dans les colonnes du Parisien (mais pas en direct d’Ibiza) : Pap Ndiaye évoque une annonce dans les 15 jours, donc avant le 17 avril. Et finalement, le 11 avril, il précise que les annonces se feront…dans une semaine.

Épisode 2 : +10% … nouvelle règle !

Le 22 avril 2022, Emmanuel Macron annonce 10% pour toutes et tous sans contreparties en janvier 2023.

Le 16 septembre 2022, Emmanuel Macron envoie un mail à tous les personnels dans lequel il reconnaît à demi-mots que l’augmentation de 10% sera une moyenne, ce qui sera confirmé quelques semaines plus tard par le ministre de l’Éducation nationale.

Le 11 avril 2023, Pap Ndiaye annonce, en parlant du pacte, une augmentation qui représente « 10% supplémentaire du salaire moyen » tout en confirmant la date de septembre 2023 pour l’application des mesures socle et pacte.

De 10% pour toutes et tous à +10% du salaire moyen….où comment la promesse de revalorisation s’est transformée en arnaque !

Épisode 3 : le compte n’est pas bon

Jean-Michel Blanquer ayant usé et abusé de l’adjectif « historique », le gouvernement Macron 2 a alors tenté de recycler quelques nouveaux adjectifs : « effort inédit », « augmentation substantielle ». Sur la partie socle (mesures sans contreparties) le ministère annonce 635 millions d’euros, de septembre à décembre 2023, puis 1,9 milliards en année pleine. Le SNES-FSU a calculé qu’il faudrait 1,2 milliards pour augmenter tous les personnels de 10% sur 4 mois et 3,6 milliards en année pleine. De quoi relativiser l’effort prétendument inédit du gouvernement. Est-ce pour cela que le ministre se plaît à arrondir subitement certaines sommes ?

Ainsi le 11 avril, à l’occasion d’une intervention dans une matinale radio, les 1,9 milliards sur la partie socle en année pleine deviennent…2 milliards. Surprenant. A moins qu’un chiffre rond claque davantage aux oreilles de l’opinion publique persuadée que les professeurs vont donc toucher le pactole.

A défaut de pactole c’est le pacte qui s’annonce alors même que toutes les organisations syndicales ont manifesté leur désaccord avec le principe de cet outil qui n’est en rien une revalorisation ! (À l’initiative du SNES-FSU, toutes les organisations syndicales ont quitté la réunion Pacte – plus d’infos)

Depuis plusieurs mois, le ministère annonce la somme de 300 millions d’euros pour l’année 2023 (de septembre à décembre), n’avançant aucune somme pour les années suivantes, se bornant à présenter la montée en puissance du pacte comme le principal outil de la « revalorisation ». Et surprise, lors de son interview matinale du 11 avril le ministre sort de son chapeau le chiffre de….1 milliard pour le pacte !

Un chiffre bien commode puisqu’il permet d’annoncer un total de 3 milliards (socle + pacte) en année pleine pour les mesures salariales à destination des enseignant-es. Un chiffre qui claque pour laisser penser que les personnels vont pouvoir nager dans leur coffre fort rempli à ras bord de milliards d’euros, à l’instar d’un célèbre palmipède.

Mais d’où sort ce chiffre ? Comment le ministre peut-il annoncer 1 milliard en année pleine sur le pacte alors même que nul ne sait combien de personnels vont s’y engager et donc quel est le montant nécessaire ?

C’est d’ailleurs aussi le plus grand flou sur les objectifs ministériels en la matière. En octobre, toujours dans la presse, le ministre annonçait un objectif de 15% de professeurs pactés, chiffre vite balayé dans les discussions de l’automne et du début d’année 2023. Puis, toujours dans la presse, en avril 2023, le ministre évoque 25% de professeurs du 2d degré pour assurer le remplacement immédiat des 15 millions d’heures « perdues » en raison des absences de courte durée…sauf que…la Cour des Comptes, peu suspecte de sympathie syndicale (même si certains de ses magistrats ont rejoint à titre individuel les mobilisations contre la réforme des retraites ! Plus d’infos) estime les absences de courte durée à 2,5 millions d’heures pour l’année 2018/2019 dont 500 000 sont déjà remplacées. On est loin de l’épouvantail des 15 millions d’heures « perdues » agité par l’exécutif….


Pour résumer : le milliard sur le pacte correspond à un montant annoncé sans savoir combien de professeurs vont réellement s’engager, en particulier sur la mission de remplacement, et alors même que les rares estimations faites en la matière l’ont été sur la base d’un constat erroné. Le grand Chelem de l’approximation.

Pour aller plus loin

– Le pacte c’est non (en ligne)

– Emmanuel Macron confirme le pacte et souffle sur les braises de la crise sociale et démocratique (en ligne)

Le SNES-FSU exige l’abandon du pacte (réponse irresponsable et hors sol à la crise que traverse l’Education nationale) et une augmentation des salaires sans contreparties pour toutes et tous, début milieu et fin de carrière.

– courrier commun des organisations syndicales à destination de la Première ministre et du ministre de l’Éducation nationale.

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