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Accueil > Nièvre > Actualités > Etats généraux du Second degré dans la Nièvre : des urgences pour le second (…)

Des collègues travaillant tant en collège qu’en lycée sont venus
participer aux États Généraux organisés par le SNES 58.

Les participants ont choisi de débattre sur les urgences pour le second
degré.

Concernant l’ensemble du second degré, le manque d’attractivité de nos
métiers a été pointé avec pour origine d’une part la faiblesse de la
rémunération des enseignants et d’autre part une charge de travail et
une pénibilité qui n’a fait que s’accroître au fil des années. Le temps
de service est resté inchangé depuis la libération (18 heures de cours
pour un certifié) et dans le même temps le nombre de réunions s’est
accru, les préparations de cours se sont alourdies suite aux changements
de programme ou de pratique, la réduction des heures professeurs par
classe a augmenté le nombre de classes et donc le nombre de copies à corriger.
De plus, la gestion de
classe est devenue plus difficile. Les enseignants travaillent encore
plus en semaine, le week-end et durant leurs vacances dans des conditions
dégradées, alors que dans le même temps notre société a connu plusieurs
réductions du temps de travail et l’allongement des périodes de congés.
Ces deux aspects : rémunération comme charge de travail et pénibilité
doivent trouver des réponses rapidement pour qu’il soit possible de
recruter de nouveaux enseignants.

Concernant le collège, les participants ont pointé que le principal
problème provient de la proportion grandissante d’élèves en grande
difficulté qui rentrent en sixième sans une maîtrise suffisante en
lecture/écriture et en mathématiques. Pour ces élèves vite dépassés qui
finissent parfois par devenir violents, et vont former les cohortes de
décrocheurs (100 000 élèves quittent l’école sans qualification), rien
n’est véritablement mis en place tant au primaire qu’au collège. Les
réformes LPC, socle, PPRE, nouvelles grilles horaires, réforme du brevet
ont été au mieux inefficaces, mais le plus souvent ont aggravé la situation :
charge de travail supplémentaire pour les enseignants (comme le LPC)
sans aucune amélioration pour les élèves, perte de temps de travail
efficace avec la disparition quasi-complète des horaires en demi-classe.
Il faudrait d’urgence créer des dispositifs d’aide sur une large partie
de l’emploi du temps avec des enseignants spécialisés pour soutenir les
élèves en grande difficulté, en lieu et place des quelques heures de
PPRE. De plus il faudrait rétablir des temps en demi-classe dans les
grilles horaires pour permettre aux enseignants de prendre en charge ou
prévenir les difficultés plus légères. L’absence d’une réelle
formation continue, les liaisons (école-collège, collège-lycée) qui
tournent souvent à des projets déconnectés de la réalité à laquelle les
élèves doivent être préparés ont aussi été évoqués. Concernant les petits
établissements (qui sont essentiellement en milieu rural), la
suppression d’une classe a souvent des effets dévastateurs sur la
stabilité des équipes pédagogiques qui est pourtant le gage d’une
meilleur efficacité. Il faudrait ainsi envisager des moratoires aux
suppressions de classe pour éviter que chaque variation passagère
d’effectifs détruise ce que les équipes pédagogiques ont su construire.
À cette occasion, les ratios d’heures supplémentaires qui entraînent des
suppressions de poste ou des compléments de service au collège comme au
lycée ont été dénoncés. Le recours aux HSA doit être une souplesse
dans les TRMD et non pas une contrainte supplémentaire.

Concernant le lycée, la réforme qui finit de se mettre en place est
largement rejetée, car elle n’a rien amélioré pour les usagers comme
pour les enseignants.
L’Accompagnement Personnalisé qu’elle a mis en place, ne fonctionne pas
et ne peut pas fonctionner. En seconde, elle a substitué cet
enseignement à l’aide individualisé, c’est à dire que la logique
d’heures en plus pour aider les élèves en difficulté, a laissé la place
à des heures pour tous les élèves parfois en classe entière à 35. Un peu
partout, les heures d’accompagnement personnalisé font défaut aux
disciplines qui ont perdu des heures dans la nouvelle grille horaire, et
interrogent quant à leur utilité pour les élèves. L’organisation est
souvent très compliquée, les enseignants souvent ne connaissent ni les
élèves, ni leurs besoins. Enfin régulièrement, l’accompagnement
personnalisé sert de variable d’ajustement pour compléter les services.
Les participants ont souligné qu’un travail sérieux avec des élèves ne
peut se faire qu’en connaissant les élèves et que dans la durée.
L’accompagnement personnalisé doit donc être supprimé et les heures
doivent être réaffectées aux disciplines soit sous forme d’aide
individualisé, soit sous forme d’heure de cours.
Les grilles horaires de la réforme ne fixant plus les seuils de
dédoublement, comme les cours à dédoubler, nous assistons à une forte
disparité entre établissements, engendrée parfois aussi par la nécessité
de compléter les services. On rencontre ainsi des travaux pratiques à
28, voire 30 élèves, dans certains établissements alors que dans
d’autres avec le même nombre d’élèves il y a dédoublement. Les
enseignants sont souvent contraints de négocier leurs dédoublements, et
l’arbitrage est souvent rendu en fonction de la nécessité de compléter les
services. Enfin, le nombre d’heures à effectifs réduits pour une division
affiché dans la réglementation est souvent largement inférieur dans les
établissements. Il convient donc de revenir à des grilles horaires qui
garantissent les dédoublements à partir de certains seuils dans
certaines disciplines afin de conserver des conditions d’études
globalement identiques sur le territoire et des moyens à la hauteur des
besoins, ce qui ne doit pas empêcher une politique volontariste pour
diminuer la taille des classes.

Certains participants se sont interrogés sur la volonté des différents
gouvernements d’améliorer la situation de l’Éducation Nationale. Ils ont
souligné qu’il manquait un discours républicain sur l’Éducation
Nationale pour la remettre au cœur des préoccupations de l’État comme
des familles. À ce sujet, les collègues participants ont soulevé la
question du redoublement qui continue d’être décrié dans le rapport de
la concertation institutionnelle "Refondons l’École de la République".
Le redoublement a pourtant déjà beaucoup régressé au collège comme au
lycée, mais aucun dispositif n’a été mis en place pour permettre aux
élèves qui auraient autrefois redoublés de poursuivre leur scolarité
convenablement. Les moyens consacrés aux élèves qui redoublaient ont été
supprimés, et le nombre de sortie sans diplôme a explosé.