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Parcoursup : l’histoire d’un échec annoncé par le Snes-Fsu !

Eléments d’analyse dans l’académie

paru le mercredi 6 juin 2018

Très tôt, le Snes-Fsu, comme bon nombre d’organisations syndicales de personnels, de lycéens et d’étudiants a dénoncé l’esprit de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur qui tourne le dos à la nécessité de démocratiser l’enseignement supérieur. Le recours au tirage au sort d’APB ne pouvait être réitéré, mais Parcoursup réussit l’exploit de générer encore plus d’insatisfaction, plus de stress et surtout d’incompréhension. Les personnels, professeurs principaux ou Psy-EN, ont été mis en grande difficulté en devant gérer l’attente et l’angoisse des élèves !
Lire notamment Droit dans le mur et Génération crash-test .

Dans notre académie en 2017, APB avait permis de satisfaire près de 70% des lycéens dès le 1er tour des résultats… Nous en sommes très loin cette année, Le comparatif est difficile à effectuer car avec Parcoursup, nous ne pouvons savoir si les lycéens ont obtenu l’affection la plus souhaitée puisqu’il n’y a plus de classement des vœux…
C’est notamment ce qui a permis au Ministre d’affirmer qu’environ la moitié des élèves avait reçu une offre de formation dès le 23 mai… Mais quelle offre ? ?

La FSU exige que le gouvernement ouvre sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

Lire le communiqué La FSU dénonce le fiasco de ParcourSup

Un petit florilège des 1ères remontées de notre enquête académique montre les trop nombreux dysfonctionnements de Parcoursup :

 Certains élèves pour la même formation dans la même université mais sur deux sites peuvent avoir un Oui si pour un site et un Oui pour l’autre tout en étant en attente pour les deux sites.
 Beaucoup d’élèves ont demandé sciences de l’éducation, et il n’y a que 60 places ! Des élèves ont des vœux acceptés en Université, mais très peu ont le vœu qu’ils voulaient le plus. Le fait de ne pas avoir hiérarchisé les vœux masque cela."
 Les élèves redoublants semblent avoir été pénalisés, à dossier équivalent, il n’ont pas ou peu de proposition.
 1 élève 1ère en liste d’attente en DUT Tech de Co au Creusot n’est toujours pas prise alors qu’une camarade de la même classe a abandonné sa place (en choisissant la fac) ! Gros soucis pour la gestion des remontées suite aux réponses des élèves ! Cela semble bien surbooking, magouilles et compagnie !
 L’opacité qui entoure les critères de recrutement de chaque établissement : il est compliqué de conseiller les élèves quand on n’a pas en main tous les critères de sélection or ce n’est pas le cas (quel poids pour les notes ? les appréciations ? l’origine géographique ? le lycée d’origine ? les points fiche Avenir ? la série ou le bac d’origine ?...). Par exemple, j’ai 2 bonnes élèves (à 15 de moyenne, louées pour leur sérieux) qui sont admise en Licence Sciences de l’éducation à Nevers..mais se retrouvent en attente au-delà de la 450ème place pour la même licence de sciences de l’éducation à Dijon. sachant que depuis Sens, Dijon est bien plus accessible que Nevers...et que les deux sont dans notre académie. De ce fait, elles ont renoncé à leur vœu à Nevers alors que c’était leur souhait de formation premier, pour aller dans d’autres filières de fac où elles sont acceptées à Dijon...
 Très peu d’élèves admis dans des BTS ou DUT, beaucoup de « non » d’emblée...alors qu’au vu de leurs résultats scolaires, cela constituait des vœux cohérents en terme de réussite possible.
 De nombreuses filières de fac avec des files d’attente impressionnante alors que ce n’était pas le cas jusque là : histoire, géo, AES, Anglais, gestion...
 Stress généré par l’attente. Certains élèves se lèvent à 3 heures du matin pour vérifier s’ils ont obtenu une affectation. Cela décourage aussi certains élèves en attente d’affectation."
 Le nombre d’élèves satisfaits n’est pas évalué. Pour les élèves de classe technologique les vœux universitaires sont très compliqués et ce même pour les filières hors tensions pour exemple le meilleur élèves de la classe et de très loin (plus de 17 de moyenne ... plus de 3 points d’avance sur le second) se voit proposer licence de physique un oui si L1 en 2 ans à Tour alors qu’il est accepté à Orléans ( académie de secteur Orléans Tours).
 Gros souci en Licence de sociologie et histoire : au 30/05 des élèves toujours en attente malgré un dossier correct
 Par rapport aux années passées, j’ai noté quelques grosses disparités :
1) Les excellents élèves (17,5 de moyenne) ne sont pas pris dans les lycées parisiens en HK (même des lycées « moyens ». Ils sont au mieux en attente alors qu’auparavant ils étaient pris dans les plus « prestigieux ». J’en conclus qu’un gros malus a été attribué à la province. Mais peut-être que je me trompe…
2) Concernant les redoublants : des élèves qui n’ont pas eu le bac et qui font un bon redoublement avec de gros progrès n’ont pas obtenu les formations désirées alors qu’ils les avaient l’an passé avec un bien moins bon dossier !
3) Les élèves en difficulté : très peu ont d’admissions. Beaucoup de sélection en licence apparemment, ce qui est très choquant.

Bref, il est grand temps que le ministère entende le Snes-Fsu !

Parcoursup doit être totalement revu dans la transparence et la clarté, pour la sérénité des élèves et en arrêtant de demander aux enseignants de tenter de remplacer nos collègues Psy-EN dont nous n’avons pas la formation !
Ce n’est apparemment pas la voie choisie par le ministre avec ses projets de réformes des CIO…
La solution évidente est bien sur déjà de donner des moyens supplémentaires à l’enseignement supérieur !

Mais entre coûts financiers supplémentaires notamment pour l’Université et coûts humains dramatiques pour les lycéens… le ministère a fait son choix ! Il devra donc en assumer les conséquences.
Pierre Giezek – S 3 Dijon