Accueil > Yonne > A la Une dans l’Yonne > Demain plus rien ne sera comme avant… Chiche !

Le Président de la République ne cesse de le marteler à chacune de ses interventions avec des accents gaulliens : la crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui aura des conséquences sur la société de demain et rien ne sera plus comme avant…

Solidarité renforcée, retour de la production en France, plan « massif » pour la santé et l’hôpital public, etc… Au SNES-FSU, nous disons chiche !

Mais nous ne pouvons nous empêcher de rester dubitatif sur une réelle volonté de changement de paradigme de notre société par nos dirigeants actuels…

Il faudrait tout d’abord commencer par établir un état des lieux et analyser pourquoi nous en sommes arrivés là aujourd’hui, ce qui ne semble pas être à l’ordre du jour dans un avenir proche…

La communication gouvernementale actuelle ne reconnaît aucune erreur, aucun retard dans les prises de décisions, que ce soit au niveau des réserves de masques, du matériel médical, de la production de médicaments, du nombre de lits dans les hôpitaux ou de l’effectif de des personnels dans les hôpitaux, les EHPAD et les services de santé. Si l’ampleur de la crise actuelle n’était sans doute pas prévisible, l’état de notre société, de ses services publics et les logiques comptables qui sont à l’œuvre depuis des années en amplifient les conséquences.

Les soignants sont aujourd’hui érigés en héros, ce qu’ils sont sans contestation dans les conditions dans lesquelles ils exercent. Mais interrogeons-nous, si les héros, voire les combattants selon l’autre terminologie guerrière déclinée à l’envi par le Président, sont bien pratiques pour les gouvernants en temps de crise, est-il normal qu’une société développée, au 5ème rang économique mondial, ait besoin de héros ?

Comment ne pas avoir en tête les mobilisations des personnels des hôpitaux publics qui durent depuis des mois sans être, le moins du monde, entendues ?

Comment ne pas repenser, à la suite des mesures de réductions budgétaires annoncées pour l’hôpital d’Auxerre, à ces responsables qui déclaraient en substance qu’on ne ferait pas moins bien avec moins parce qu’il y avait encore des marges de rationalisation qui permettaient de gagner en efficacité ?

Comment ne pas mesurer aujourd’hui la détresse que ressentait le monde médical en revoyant cet échange, qui date d’il y a un mois, entre un chef de service de la Pitié-Salpétrière et le Président, le premier déclarant au nom de tout son service : « Vous pouvez compter sur nous, l’inverse reste à prouver… » ?

Comment ne pas revoir cette banderole brandie lors d’une manifestation de novembre qui résonne tragiquement aujourd’hui : L’Etat compte ses sous, on comptera les morts ?

Aujourd’hui, chacun peut mesurer l’aspect essentiel des services publics dans son quotidien qui participent grandement au fonctionnement du pays, services publics dont les différentes politiques n’ont cessé de les dégrader et de les détruire. Alors quels changements politiques pour demain ? Les suppressions de postes dans le 2nd degré pour l’an prochain auront, elles, bien lieu !

Chacun peut également constater aujourd’hui l’importance de métiers comme les caissières de supermarchés. Continuera-t-on de les soumettre à des temps partiels forcés, à des horaires difficilement compatibles avec une vie familiale, à des salaires indignes ?

Plus généralement, nos dirigeants sont-ils vraiment prêts à reconstruire une société solidaire qui ne soit plus en butte aux logiques financières, à l’argent roi, aux dividendes des actionnaires ? On peut en douter avec les ordonnances parues qui mettent à mal le code du travail et permettront à l’employeur d’imposer jusqu’à 60 h par semaine ! Quelles contreparties sont demandées aux grandes fortunes ? On leur suggère simplement d’être raisonnables sur le versement de leurs dividendes…

Plus rien de sera comme avant… Uniquement si, tous ensemble, nous nous mobilisons imposer la société que nous voulons et rejetons avec force celle que nous ne voulons plus, celle dont la crise actuelle révèle les inégalités criantes ! Oui, nous désirons un autre monde !