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Témoignage en confinement

paru le vendredi 10 avril 2020

Le SNES 58 a reçu témoignage sur le fonctionnement que peu rencontrer dans un collège de la Nièvre durant cette période. L’auteur nous ayant donné l’autorisation de le mettre en ligne nous le publions intégralement.

Dans un petit collège rural d’ un peu moins de 200 élèves.

Première semaine très laborieuse avec de nombreux problèmse de connexion peu à peu atténués, mais jamais complètement réglés, d’autant que certains élèves et certains enseignants vivent ds de quasi zones blanches.

L’équipe, en lien hebdomadaire par conférence tel avec le chef d’établissement et la vie scolaire, envoie du boulot aux heures d’emploi du temps normal pour ne pas dérouter les élèves. Chacun décide des modes d’envois et des contenus pédagogiques (et on trouve aussi bien par pronote que par classes virtuelle, tel, et même papiers à chercher au collège ds quelques cas). Des prêts de tablettes ont été faits pour deux ou trois familles.

Pas de notes comptant pour le trimestre, mais des élèves ont demandé d’avoir tout de même une évaluation chiffrée pour se positionner, les "compétences" étant peu appréciées ou comprises pour s’évaluer.

Des matières demandent des restitution de travaux, d’autres non et recourent à l’auto éval avec corrigés fournis. Bref, toutes les situations pédagogiques.

Les élèves, quand ils ont besoin, n’hésitent pas à demander par pronote des infos ou des explications complémentaires aux collègues. Au tout début il fallut recadrer certains enfants ou parents qui, sous prétexte de relations par internet, se comportaient comme sur des réseaux sociaux avec une tendance à parler aux profs comme à des "copains" ! Sans compter une certaine tendance à poser des exigences avec retour en temps réel !! Mais, là encore, une fois les explications apportées, et les avertissements délivrés par le chef d’établissement, les choses sont à peu près rentrées dans l’ordre.

La vie scolaire et les PP, plus le chef d’établissement, essayent de ne perdre aucun gamin en route ; mais il est très difficile (voir impossible) de faire la part de la paresse et de la mauvaise foi. On sait que 20 à 30% des élèves ne travaillent pas du tout et qu’il est impossible d’en venir à bout. Les chiffres du ministère sont très très sous-évalués ici (JM Blanquer parle de 8 à 10%), car nous sommes dans un milieu rural assez bien encadré et qui conserve plutôt une vision positive de l’école. Alors on imagine ce qui se passe quand ce n’est pas le cas.

Les élèves travaillent en moyenne entre 2 et 3 heures par jour essentiellement, le matin aux dires des parents, ce qui a contraint à beaucoup ralentir le rythme des enseignements. En raison du beau temps et du milieu rural la plupart profitent des extérieurs, ou des distractions sur les réseaux sociaux l’ap midi et en soirée. Nombre de familles n’ont qu’un ordi pour plusieurs enfants qui sont en âge d’en avoir besoin ! D’autre part beaucoup d’élèves travaillent plus avec leur smartphone qu’avec l’ordi ce qui ne peut que leur détruire encore davantage la vue. Enfin, on a renoncé à demander quoique ce soit d’imprimé, les cartouches d’encre coûtant cher, ne pouvant être renouvelées, sans compter la difficulté du rendu avec le confinement. Mais du coup il est impossible de savoir si les retours de travaux correspondent bien au travail personnel et non à celui d’une aide...

Quant aux enseignants la multitude de demandes des familles, des élèves, de l’institution, et une fâcheuse tendance à vouloir trop bien faire, les poussent à se clouer devant leurs écrans et risque d’en faire tourner bourrique plus d’un. D’autant que chacun a bien conscience qu’il sera impossible de terminer le programme.

Les inégalités devant l’école sont démultipliées ,nombre de parents ne pouvant travailler en télétravail étant au boulot et souvent ds les métiers de base de l’économie (c’est la France du smic qui continue de faire tourner la machine !!). Ce sont leurs enfants qui sont les moins suivis par voie de conséquence...

Beaucoup d’enfants se sont plaints au début d’une surcharge de boulot, les profs n’étant plus en présentiel ayant tendance à charger la barque, puis chacun a trouvé son rythme. Mais ce qui leur manque le plus (et aux profs aussi) c’est l’irremplaçable relation humaine en présentiel, permettant grâce à la communication verbale et non verbale d’ élucider les mille et une ambiguïtés sur lesquelles repose tte transmission ! Ils l’ont exprimé lors des contacts et sondages réalisés par les profs et la vie scolaire.

Concernant la classe par visio conférence, elle n’est pas efficace à cet âge là. Elle ne devient un mode d’enseignement possible -encore que par défaut- seulement avec des étudiants motivés et capables de travailler par eux mêmes. Ce qui n’est pas encore tout à fait vrai, même au lycée. Elle permet au mieux de conserver un lien, et au pire de favoriser les pires dérives des réseaux sociaux.

Ce qui est le cas pour mon fils en classe prépa ingé par ex. Là tous les cours ont lieu, la charge de travail n’est nullement diminuée, au contraire et les "élèves" gagnent même parois le temps du transport et de l’internat. Mais cela suppose là encore que le milieu familial soit adapté pour prendre en charge tous les aspects matériels du quotidien.