Accueil > S3 > Editorial > Le recrutement en job-dating : la gestion de la pénurie à la sauce néolibérale

Quand être prof ne s’apprend plus… Refusons la précarisation de nos métiers et le sacrifice d’une formation initiale de qualité !

Le nouveau ou la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale (Pap N’Diaye ou un·e autre selon les résultats aux législatives) aura un gros dossier à gérer pour sa première rentrée : au mois de septembre, la pénurie de personnels d’enseignement et d’éducation sera plus grave encore que lors des dernières années.

Nous le savons, le métier enseignant n’attire plus. Peut-être que la rémunération (bien en dessous de la moyenne des pays comparables), les conditions d’exercice détériorées, le mépris gouvernemental ou l’image caricaturale de notre métier ou de nos élèves (cf le récent film sur les SEGPA) y sont pour quelque chose…

Ce n’est pas nouveau, cela ne date même pas de Blanquer (même s’il a bien « aidé »). Les récents résultats de l’admissibilité aux concours indiquent que le nombre de postes est plus important que le futur nombre d’admis·es dans de nombreuses disciplines.

Pourtant, le gouvernement a planché sur une réforme des concours et de la formation censée trouver des solutions. Elle semble, pour l’instant, accentuer le problème. Étonnant ? Pas tant que ça. En effet, les années de concours, de master et de formation sont et seront des parcours du combattant (lire ici à ce sujet). La réforme étend simplement la précarisation de notre métier en usant de la contractualisation à outrance dès le master. Car oui, les solutions trouvées par le système sont toujours les mêmes : flexibilité, précarité, mobilité…

Le recrutement en job-dating est une farce de plus. Elle a du mal à passer tellement elle est grotesque mais elle est le résultat de décennies de fausses solutions et d’aveuglement. Elle paie des années de destruction du service public d’éducation.

La FSU revendique une autre méthode et un autre traitement et dénonce l’utilisation des étudiant·es et des stagiaires comme des moyens sur le terrain. Cette vision idéologique de « rentabilité » va à l’encontre d’une formation et d’une entrée dans le métier sereine, bien rémunérée et formatrice. Le concours doit être préparé sans devoir multiplier les tâches en bénéficiant d’un statut d’étudiant-fonctionnaire. L’année de stage doit bénéficier d’une réelle décharge de service et d’une revalorisation salariale.
Nous refusons la précarisation de nos métiers et le sacrifice d’une réelle formation initiale. L’attractivité du métier d’enseignant·e et de personnel d’éducation doit être le fruit d’une réflexion globale et non des rustines capitalistes et libérales.