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TZR : Kicéti ? Keskifé ? Kicéceluila ?

paru le dimanche 30 octobre 2005

Zoom sur des collègues que chacun côtoie en salle des profs, mais dont il ignore bien souvent tout de leurs conditions de travail.

Depuis le début de l’année scolaire, nous ne cessons de recevoir des échos alarmants des TZR affectés dans l’Yonne.
Le malaise est grand parmi nos collègues : certains vont même jusqu’à évoquer leur démission ! Il faut dire que la plupart débutent dans le métier avec cette fonction et que tout est fait pour les dégoûter ...

C’est au SNES qu’ils s’adressent pour connaître leurs droits et intervenir auprès de l’administration.

Ensemble, TZR ou collègues sur poste fixe en établissement, nous devons agir pour l’amélioration des conditions de nomination et de travail des TZR (Titulaires sur Zone de Remplacement).

Le SNES 89 à l’initiative de 2 réunions TZR dans l’Yonne

C’est la première année que les collègues TZR sont venus, fin septembre, si nombreux à cette traditionnelle réunion départementale. Et ils avaient tant à dire qu’il s’est avéré nécessaire d’en tenir une seconde mi-octobre !
Si le mécontentement est très important parmi nos collègues, c’est que les situations de nomination et d’emploi sont souvent scandaleuses.
Vous trouverez ci-dessous une synthèse non exhaustive des échanges que le secrétariat départe-mental a eus avec les TZR, soit lors de chacune des 2 réunions TZR qu’il a animées, soit par courriers électroniques ou contacts téléphoniques. Prenez le temps, surtout si vous êtes titulaire d’un poste fixe en établissement, de lire ce qui suit : vous découvrirez une réalité que, bien souvent, vous ignorez.

On constate trop souvent :

 des modifications dans les affectations à l’année entre juillet et fin août, voire début
septembre (avec les conséquences imaginables sur le logement),
 des modifications d’établissement de rattachement
 des nominations hors zone de remplacement,
 des zones de remplacement très importantes (le département dans certaines disciplines),
 une gestion pingre par le rectorat des indemnités auxquelles ont droit les TZR.

Des « expériences » dont ont fait part les TZR présents à ces 2 réunions, il ressort que :

 en cours d’année scolaire, c’est quotidiennement qu’ils doivent faire face aux pressions de l’administration, qu’elle soit locale ou rectorale ;
 la gestion des TZR par les chefs d’établissements apparaît très différente d’un endroit à l’autre mais, de plus en plus, on tente de leur faire faire tout et n’importe quoi ;
 le rectorat est d’autant plus exigeant qu’il gère très mal les remplacements : mauvaise prévision des absences à suppléer, aucune anticipation même pour les congés maternité ! ... ;
 les TZR rencontrent beaucoup d’incompréhension de la part de leurs collègues affectés sur poste fixe en établissement
 ils ressentent aussi un déficit de crédibilité de la part des élèves, des parents.
ils se retrouvent en première ligne pour les remplacements de courte durée quand ils ont des services incomplets ou quand ils sont en attente de remplacement.
 les nouveaux nommés (la plupart du temps, contre leur gré) dans cette fonction ne connaissent pas toujours leurs droits et se sentent obligés de tout accepter ...
 les collègues sont souvent obligés de menacer du Tribunal Administratif pour être entendus.

Avec le SNES 89, les TZR présents aux 2 réunions ont décidé :

 de récolter le plus de témoignages possible (quelques extraits, ci-contre) et de les rassembler dans un cahier diffusé par le SNES dans tous les établissements afin que les autres collègues prennent consciences des difficultés des TZR.
 de demander une audience auprès du Recteur.
 d’appuyer la délégation reçue en audience par un rassemblement des collègues TZR devant le rectorat.

TZR : une mission bien particulière, des personnels à respecter !

Le SNES a toujours revendiqué un contingent de personnels destiné à remplacer les collègues absents. Il demande d’ailleurs le doublement du nombre de TZR pour que les remplacements puissent se faire dans de meilleures conditions.
Mais il a aussi toujours dénoncé le flou dans lequel se font les services des TZR.
Il fut un temps où leurs conditions de travail étaient acceptables : zones de remplacement de taille raisonnable, délai de 48 h avant de commencer une suppléance, indemnités de déplacement versées en temps et heure, administration locale compréhensive.
Aujourd’hui, tout est toujours remis en question et chaque TZR doit se battre quotidiennement pour obtenir le respect de son statut.
Au niveau rectoral, le TZR est de plus en plus considéré comme une variable d’ajustement destiné à boucher les trous ; au niveau local, il devient de plus en plus corvéable à merci.
Il est grand temps que cela cesse.

Les TZR savent qu’ils peuvent compter sur le SNES pour défendre leurs droits individuels et collectifs, que ce soit auprès des administrations locales ou auprès du rectorat lors des groupes de travail.

Extraits de témoignages reçus par le SNES 89 pour confectionner le "livre des galères des TZR"

 « J’ai appris mon affectation en histoire-géographie au Lycée, le 18 juillet, alors que je n’ai enseigné qu’en collège cette année. J’ai hérité naturellement des trois niveaux (...) Je n’ai donc pas pu connaître avant le jour de la pré-rentrée les manuels utilisés. J’ai donc un très gros travail de préparation de cours à faire dans l’urgence. »

 « Après avoir passé trois ans comme TZR en poste à l’année au lycée, j’ai appris en juin dernier que le bloc de moyens provisoires (BMP) que j’occupais était supprimé.
Rattachée administrativement au lycée, je suis obligée de faire 18 heures de présence dans l’établissement, sous prétexte que je ne suis « pas payée à rien faire », selon mon proviseur adjoint.
Le plus rageant est de voir que l’un des collègues de ma matière a été absent du lycée deux semaines durant, sans que l’on m’appelle pour le remplacer... »

 « Monsieur, vous me devez des heures ! » C’est vrai, je n’ai que 8h30 en TZR, le principal peut « m’utiliser » pour des tâches à caractère pédagogique en attendant un remplacement du rectorat.
Je rajoute donc sur mon emploi du temps quelques heures d’aide et de méthodologie et du CDI.
Quand le principal lit son protocole pour les remplacements de courte durée, il annonce que les TZR seront appelés en priorité. Normal, c’est notre fonction. Mais j’apprends que ces remplacements se feront en plus des heures d’aide et de CDI, c’est à dire en heures supplémentaires ! »

 « En 9 années de carrière, j’ai été TA puis, par changement de statut, je suis devenue TZR. J’ai enseigné en lycée et en lycée professionnel.
Depuis le début, j’ai quand même enseigné en 4T, 3T, BEP, 2de ISP, 1ère STI, Term STI, BTS 1ère année et 2ème année et dans 4 disciplines « connexes ».
Tous les ans j’attends le 12 juillet pour avoir mon affectation.
Maintenant, je suis résignée et j’attends sans conviction, vu les réformes à venir, un poste fixe... échéance logique dans 13 ans. »