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Rentrée 2006 : les lycées de l’Yonne en grand danger

Jusqu’à quand allons-nous accepter qu’ils nous mentent ?
Qu’ils justifient l’injustifiable ?

paru le vendredi 27 janvier 2006

Quelques uns des propos hallucinants entendus par les membres de la délégation de la FSU 89 qui a été reçue lundi 23 janvier par un conseiller du ministre, a participé au groupe de travail préparatoire au CTPA mardi 24 et a assisté au CAEN jeudi 24 au Conseil Régional. Accrochez-vous !

FSU : Pourquoi fermer 2 bac pro au LP de Migennes ?


 Ministère et rectorat : il faut recentrer les établissements scolaires sur leurs points forts. Ceux du lycée de Sens sont la plasturgie et l’outillage mais il lui manque le niveau 4 dans la filière outillage. En lui transférant les bac pro de Migennes on le lui offre.

 FSU : mais puisque la filière est complète au LP de Migennes, pourquoi ne pas la lui laisser et en faire son point fort ?

 M & R : les élèves de Sens n’iront pas à Migennes

 FSU : 52% des élèves du LP de Migennes sont externes, vous croyez qu’ils iront à Sens ?

 M & R : oui, Migennes-Sens est un trajet moins long que Sens-Migennes (????)

 FSU : les élèves de Migennes sont, en grande majorité, issus de milieux défavorisés et souhaitent pouvoir étudier près de chez eux, ils sont pris individuellement en main grâce au petit effectif du LP, les résultats au BEP MPMI sont les meilleurs du département et cette formation a aussi le meilleur taux de remplissage, les élèves trouvent un emploi après leur BAC : POURQUOI FERMER CES SECTIONS ???

 M & R : comme 2 ou 3 autres lycées de l’académie, le LP de Migennes est un établissement fragile. L’avenir est à Sens.

 FSU : grâce aux efforts des équipes pédagogiques il n’y a plus de violence au LP de Migennes depuis 3 ans, plus de drogue non plus, vous croyez vraiment que ses élèves auront envie d’aller dans un cité scolaire de 2 500 élèves où les bagarres avec battes de base ball sont monnaies courantes ?

 M & R : si les enseignants de Migennes disent à leurs élèves dès la 1ère année de BEP que la poursuite d’étude est à Sens, les élèves iront

 FSU : c’est faux ! Et vous le savez !

 M & R : ...

FSU : Pourquoi fermer la filière STG au lycée de Toucy ?

 M & R : la France manque de scientifiques. Les élèves qui vont en STG à Toucy ont les capacités d’aller en S ou ES mais ne le font par manque d’ambition (l’atavisme bourguignon). En fermant la STG on leur donne la possibilité (obligée ??) d’alimenter les filières S et ES.

 FSU : mais ceux dont on sait qu’ils ne réussiront pas dans les filières scientifiques ? Et ceux qui veulent vraiment faire STG ?

 M & R : ils iront à Auxerre ou Joigny

 FSU : mais c’est loin de chez eux ! Plus de 50 km pour les élèves de Bléneau ou Lavau par exemple !

 M & R : ils pourront être internes

 FSU : mais le rapport de l’inspection générale, paru en février 2005,pointait la misère économique et sociale de la région Puisaye-Forterre. Les familles ne pourront pas payer l’internat

 M & R : ...

 FSU : et le devenir du BTS assurances implanté au lycée ?

 M & R : peut très bien être implanté ailleurs.

FSU : Pourquoi ne pas augmenter la capacité d’accueil du BTS MI de Fourier de 15 à 24 étudiants ?

 M & R : nous n’avons jamais demandé au lycée Fourier de remplir la 1ère année au-delà de 15, juste de remplir à 15. S’il y a 20 étudiants l’an prochain en 2ème année, le lycée devra prendre sur ses marges de manœuvre pour dédoubler les groupes de TP et ceux d’atelier

 FSU : mais il n’y a pas de marge de manœuvre ! Les collègues vont être hors la loi : 15 étudiants maxi en atelier, c’est la règle.

 M & R : pas de moyens supplémentaires. C’est comme ça.

 FSU : donc nous pouvons annoncer à tous les collègues que le ministère de l’éducation s’assoit sur les normes de sécurité ?

 M & R : ...

FSU : Pourquoi fermer le BTS ATI au lycée de Tonnerre ?

 M & R : 11 étudiants seulement en 1ère année

 FSU : mais les autres années, le BTS remplit sa capacité d’accueil ! Et c’est le seul de l’académie !

 M & R : 15, ce n’est pas un effectif normal pour un BTS

 FSU : alors pourquoi refuser l’ouverture à 24 sur Fourier ?

 M & R : ...

 FSU : vous avez lu le journal local ? À Tonner : Lundi ,65 suppressions d’emploi chez Gruhier ; Mercredi, 41 chez Todenko, Vendredi, fermeture de la chirurgie à l’hôpital, et maintenant le BTS ! Vous ne pensez pas que cette dernière mesure est de trop ?

 M & R : ...

FSU : Pourquoi transformer les BTS sous statut scolaire en BTS par apprentissage ? ( déjà 1 dans l’Yonne et 3 en Saône et Loire !)

 M & R : c’est une demande des branches professionnelles. Elles lancent un appel d’offre sur le marché de la formation et nous y répondons. Les lycées où sont implantés les BTS par apprentissage les ont demandés et les collègues sont d’accort pour y enseigner sur postes gagés.

 FSU : mais parce que vous leur faîtes du chantage : fermeture du BTS ou BTS par apprentissage !

 M & R : c’est la loi du marché. Il faudra vous y faire.

 FSU : jamais !

Remarque

Tout au long des 3 rencontres auxquelles nous avons participé, l’administration a usé, utilisé et abusé du vocabulaire de l’entreprise : le lycée est entré sur "le marché de la formation", le lycée doit "se positionner sur une niche", le lycée doit "se recentrer" sur "ses points forts", "le rectorat a répondu à un appel d’offres", "les branches professionnelles dictent leur loi", cette formation n’est pas "rentable", ...
Ce vocabulaire est insupportable aux oreilles des défenseurs d’un service public qui offre à tous un égal accès à une éducation nationale de qualité.

Parce que nous ne voulons pas de cette École-là.
Parce que nous sommes ambitieux pour les élèves et nos métiers

Tous en grève le 2 février !