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Le 18 décembre, 50% des collègues du second degré étaient en grève

Récit de la journée dans l’Yonne...

paru le vendredi 12 janvier 2007

La grève unitaire du 18 décembre a été bien suivie et cela nous encourage à continuer : à quelques mois des présidentielles, le gouvernement, les forces politiques de gauche comme de droite doivent entendre la colère des personnels de l’Education.

Les chiffres

Après plusieurs journées de grève pas folichonnes (bien que nécessaires), nous voilà de nouveau du bon côté de la ligne : celle des 50% de grévistes.

Au niveau national, l’appel unitaire à la grève a été très bien suivi dans les lycées (53% de grévistes) et collèges (55%).
Cette grève est pour le second degré l’une des plus fortes depuis 2003. Elle donne la mesure de la colère qui anime la profession face aux initiatives et au mépris d’un ministre qui n’écoute rien et fait la leçon sur tout.

Dans l’Yonne, l’inspection académique a indiqué au ministère le 18 au matin les chiffres suivants :
 36% de grévistes en collège
 46.7% en lycée
 26.4% en LP

Le secrétaire général de l’inspection académique qui accompagnait l’IA lors de l’audience accordée l’après-midi du 18 à l’intersyndicale a indiqué que les pointages faits en début d’après-midi étaient similaires à ceux du matin.
Nous pensons qu’ils étaient probablement meilleurs : s’ils avaient été moins bons, le secrétaire général n’aurait pas manqué de le signaler !
Le pointage que nous avons pu faire, nous, à partir des informations que nous ont envoyées les correspondants SNES et FSU donnait un taux de près de 50% en collège-lycée et 33% en LP. C’est ce que nous avons annoncé aux médias, en nous félicitant de ce résultat compte tenu du délai très court dont nous disposions pour mobiliser les collègues.

Le SNEP-FSU 89 annonçait 70% des collègues d’EPS du département en grève. 40 d’entre eux (soit près de 25% des collègues EPS de l’Yonne) se sont retrouvés en Assemblée Générale EPS au lycée Vauban d’Auxerre pendant qu’une bonne soixantaine de collègues des autres disciplines se retrouvait à l’AG départementale dans le quartier Saint Siméon à Auxerre.

Les raisons de la colère (au cas où les vacances vous les auraient faites oublier...)

Les enseignants rejettent le projet de décret sur les obligations de service :
 parce qu’il a pour objectif premier de supprimer des postes au détriment des enseignants comme des élèves (3 000 postes supprimés en 2007, 12 000 à terme)
 parce qu’il se traduit pour 100 000 d’entre eux par une augmentation de leur charge de travail ou par une réduction de leur salaire (remise en cause des premières chaires, des heures de labo, etc.)
 parce qu’il porte atteinte à la qualité de l’enseignement et dénature leur métier (affectations sur 2 disciplines, affectations sur 2 ou 3 établissements).

Les revendications

 le retrait du projet de décret
 l’ouverture de véritables négociations sur la prise en compte des réalités du métier et que soient améliorées les conditions de son exercice

Une AG de grévistes à Auxerre ???
Il s’y dit quoi ??!

Et bien pour le savoir : vous n’aviez qu’à venir !
Bon d’accord, la salle était petite ...
Alors pour tous ceux qui n’ont pas pu entrer, voilà les points abordés par la soixantaine de collègues présents à l’intérieur :
 rappel de ce que prévoit le projet de décret de refonte de nos statuts,
 évènement social exceptionnel que constitue l’intersyndicale de l’éducation à 15 (des collègues de l’enseignement privé étaient présents à l’AG)
 point d’information rapide sur les audits des horaires en collège et en lycée
 exigence unanime du retrait du projet de décret ministériel
 exigence d’une ouverture rapide de négociations sur notre temps de service...

... et là, ... les divergences apparaissent...

FO reste campé sur le prof du décret de 1950 : prof, tout prof, que prof. Pas question de voir pris en compte dans nos services du temps pour la concertation, le soutien aux élèves ou des activités qui ne seraient pas purement des cours devant élèves.
Comme indiqué par le représentant FO (malgré sa promesse 2 fois faite de ne pas mettre en avant nos divergences et de n’intervenir que sur le seul point « retrait du projet de décret » ...) dans la délégation intersyndicale reçue par l’IA : pas question de devenir animateur ni éducateur.
Nos camarades de FO ont une vision pour le moins restrictive du métier d’enseignant du début du 21ème siècle, maîtrisent parfaitement l’art des raccourcis racoleurs et reprennent leur détestable habitude de ne pas tenir la parole donnée.
Cette dernière pratique est assez désagréable ... et nous tenons à le signaler : quand chacun, dans une délégation, se dit d’accord pour taire ce qui fait sa différence avec les autres parce que l’urgence est au front commun, que l’un tire dans son coin n’est pas correct !

Le SGEN, lui, est à l’inverse des positions FO et certains de ses militants n’ont pas été outrés par les propos de Royal sur les 35h de présence dans les établissements...

Les syndicats de la FSU estiment, eux, que le public scolaire a changé, que les pratiques pédagogiques ont évolué, que la concertation est de fait nécessaire et utile et qu’il est donc légitime qu’elle soit prise en compte dans notre temps de service selon des modalités qui restent à discuter. (voir article sur notre temps et charge de travail ...)

L’AG a aussi débattu des suites à donner à cette journée d’action.

Est revenue la question désormais traditionnelle de l’alternative à la grève.

Plusieurs pistes ont été avancées dont celle de la rétention des notes.
Nous rappelons que cette solution, si elle paraît séduisante n’en est pas moins risquée et ce d’autant plus dans le contexte actuel de bâton manié facilement par le ministère et l’inspecteur d’académie. Les directeurs d’école primaire du département qui sont en grève administrative en font l’amère expérience : tous ceux qui n’ont pas remonté à l’inspection académique les chiffres de la rentrée 2006 se verront retirer une journée de salaire sur leur paie de janvier.
Quitte à avoir un prélèvement pour « service non fait », autant que ce soit pour une journée de grève !

Autre argument avancé à l’encontre de la grève : la grève dans l’éducation ne gène personne.
Rappelons que, pour ce qui est de notre point de vue, l’objectif premier de la grève n’est pas de gêner les usagers du service public. La grève est une des actions de dernier recours, celle utilisée quand les autres (pétitions, audiences, interpellations publiques, ...) n’ont pas permis de faire entendre nos revendications. Son objectif est de montrer à l’employeur (l’état en l’occurrence) que les salariés sont déterminés (au point de sacrifier une journée de salaire) à ne pas se laisser faire.

C’est ce que nous avons réussi le 18 et nous renouvellerons la démonstration le 20 janvier.

Le ministre devra en tenir compte.