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Débattre avec les collègues dès la pré-rentrée

Apprentissage junior : quel avenir pour les jeunes qui suivront cette voie ?

paru le mercredi 19 juillet 2006

L’apprentissage à 14 ans va entrer en vigueur à la rentrée prochaine. Ce dispositif de la loi Borloo « Egalité des Chances » fut la réponse gouvernementale à la crise des banlieues de l’automne dernier. Présenté comme LA solution pour les élèves en difficultés scolaires, le texte a été condamné par la plupart des syndicats d’enseignants et rejeté par le Conseil Supérieur de l’Education (dont l’avis n’est que consultatif).
La loi a été adoptée au printemps par le Parlement et les décrets d’application viennent de paraître (eux aussi, rejetés par le CSE !).

Ces décrets d’application confirment les craintes que nous avions exprimées jusque là et notre opposition à l’apprentissage junior garde toute sa pertinence.

Le dispositif prévu

Dès 14 ans, l’élève pourra quitter le collège pour un LP ou un CFA. Le départ du collège se fera sur la base du volontariat mais il est prévu que le jeune touchera 20 % du SMIC pour tout stage d’au moins 10 jours en entreprise : cela risque d’être bien tentant pour l’ado en délicatesse avec le système scolaire et pour sa famille qui, ne nous leurrons pas, ne fera sans doute pas partie des milieux les plus favorisés !

A 15 ans, si, à l’issu d’un « bilan », le jeune est jugé apte à acquérir le reste du socle commun au cours de sa formation en apprentissage, il pourra signer un contrat avec un employeur.
S’il n’apparaît pas en mesure d’acquérir le socle commun, il devrait retourner dans son collège d’origine ... « pour intégrer la classe qui correspond le mieux à son niveau » !

Il a donc quitté le collège car son niveau scolaire était trop faible, il est jugé inapte à l’apprentissage, on le renvoie maintenant au collège encore plus en échec qu’avant, plus âgé, complètement déconnecté du milieu scolaire, ...
Pour intégrer quelle structure ?
Là encore le risque de déscolarisation est grand. D’autant plus que la possibilité de réversibilité LP ou CFA / collège demandera des démarches et la volonté de continuer la scolarité pour des enfants et des familles qui sont les plus en difficultés.

Le dispositif d’apprentissage à 14 ans apparaît donc bien plus comme une voie d’exclusion que comme une alternative à l’échec scolaire. Si les élèves en grandes difficultés scolaires sont effectivement un vrai problème dans les collèges, le résoudre en se débarrassant des élèves n’est pas acceptable.

Olivier Provost