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Déclaration du SNES-FSU au CTPD du 4 octobre 2010

Par Ghislaine Vessiller

paru le lundi 4 octobre 2010

Au mois de juillet, trois inspecteurs généraux de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche remettaient au ministre une synthèse des notes relatives à la préparation de la rentrée scolaire 2010. Dès l’introduction, cette synthèse s’inquiète des « difficultés qui attendent le système éducatif l’année prochaine (2010/2011) » dont elle précise qu’elles seront « nombreuses, notamment parce qu’il faudra absorber de nouvelles et importantes suppressions d’emplois, continuer la réforme des lycées et gérer les conséquences de la mastérisation comme de la réforme du recrutement. »
Abordant tous les aspects du système éducatif, elle sonne, sur de nombreux points, comme en écho aux inquiétudes que les personnels et le SNES-FSU expriment depuis des mois.

Ainsi en va-t-il de l’encadrement : le rapport précise que « plus de 20 000 élèves supplémentaires sont attendus dans le second degré sans qu’aucune création d’emploi ne soit prévue ». En Saône-et-Loire, les collèges ont accueilli 253 élèves de plus qu’à la rentrée 2009, avec, d’après les derniers documents dont nous disposons, trois postes de moins. Et si les services de l’Inspection académique espéraient, en juillet, pouvoir distribuer 26640 heures, seules 26 592,5 apparaissent dans le tableau de répartition de dotations des collèges de septembre. Les effectifs des classes passent en moyenne de 23,62 à la rentrée 2009 à 23,96 à la rentrée 2010. Cette moyenne cache de fortes disparités, et 39% des élèves de sixième, 54,5% des élèves de cinquième, 45% des élèves de quatrième et 48,3% des élèves de troisième sont scolarisés dans des classes dont l’effectif dépasse 24 élèves ; 145 divisions sur les 872 des collèges du département ont un effectif de 27 élèves ou plus, soit 16,6%. Et l’annonce pour la rentrée 2011 de la suppression de 4800 postes au plan national dans un enseignement secondaire qui devrait accueillir 61 900 élèves de plus ne laisse pas d’inquiéter.

Le rapport s’étend aussi sur la réforme de ce qu’on a peine à continuer de nommer « la formation » des enseignants : « La réforme du recrutement des enseignants (...) se heurte à une insuffisance manifeste de moyens pour financer la formation des nouveaux stagiaires en plus de celle des titulaires, et rencontre une difficulté à trouver suffisamment de formateurs universitaires et de tuteurs dès la première année. » Cette réforme, qui conduit les lauréats des concours devant les classes sans formation préalable, pour un service hebdomadaire complet, provoque la désapprobation générale. De nombreuses pressions –allant jusqu’à l’injonction rectorale- ont permis de créer des binômes stagiaire/tuteurs pour tous les stagiaires de notre département. La situation sur le papier –et pour l’institution- est donc réglée… Le désarroi des stagiaires, dont les tuteurs n’enseignent pas toujours dans le même établissement, ni la même commune, ni la même discipline ; celui des tuteurs, confrontés à une tâche qu’ils ne se sentent pas toujours dans la possibilité d’assumer réellement ; les souffrances des uns et des autres ne seront pas pris en compte. Le SNES-FSU en reçoit pourtant de nombreux témoignages. Notre organisation continue de revendiquer une entrée progressive dans le métier, notamment à travers une année de stage permettant une réelle alternance hebdomadaire entre la pratique et la réflexion pédagogique.

Le désarroi des enseignants de collège est aussi patent face à l’obligation de valider d’ici huit mois pour les élèves de troisième le socle commun, via le livret personnel de compétences. Les enseignants, conscients que ce type d’évaluation transforme notablement leur métier et alourdit considérablement leur charge de travail, ont, pour la plupart, le sentiment qu’il ne s’agira, en fin de compte, que d’une mascarade qui permettra d’afficher des résultats ne correspondant pas aux acquis réels des élèves. Mascarade, en effet, car les établissements ne découvrent que maintenant la dernière version du livret publiée en juin et que les grilles de références n’ont pas été mises à jour ; mascarade encore, car ni les élèves de troisième, ni les enseignants n’auront eu le temps ni la formation nécessaires pour comprendre et s’approprier ce mode nouveau d’évaluation, dont la mise en place aurait d’ailleurs nécessité un débat au sein de la communauté éducative.

Le rapport des inspecteurs généraux s’alarme enfin de « la baisse des moyens consacrés au remplacement », d’ « un recours accru à des personnels non titulaires et des difficultés probables pour assurer le remplacement des professeurs absents. Il dénonce un « choix (celui de la baisse des moyens consacrés aux remplacements) qui « va dégrader la situation du remplacement, alors que la situation est déjà difficile » et, précisant que « le ministre insiste sur la nécessaire amélioration du remplacement » conclut que « quelque chose n’est pas cohérent dans cet ensemble. » et qu’ « il est vraisemblable que ce choix budgétaire soit partiellement insincère et coûteux les académies pensant pouvoir recruter des vacataires au-delà de l’autorisation budgétaire pour assurer le remplacement des profs absents, en creusant un peu plus le déficit de masse salariale du programme 141 ». Nous ne saurions mieux dire !

Il est vrai que la qualité du service rendu aux élèves semble être, pour notre ministre, la dernière des préoccupations. La disparition probable de nombreuses formations destinées aux personnels faute de moyens semble confirmer cet état de fait. A partir du moment où tous les élèves voient les items du livret de compétences validés (peu importe comment), à partir du moment où chaque classe a, pour chaque heure de cours, une personne face à elle (peu importe ce qu’elle peut y faire), à partir du moment où tous les stagiaires ont un tuteur (peu importe la qualité de leur travail commun), les responsables académiques et nationaux de l’éducation nationale affichent leur satisfaction.

Dans un système éducatif qui tend à maltraiter chaque fois plus élèves et personnels, nous, représentants du SNES-FSU, nous inquiétons également du sort réservé aux élèves en situation de handicap et voudrions savoir ce qu’il en est de leur prise en charge, donc des recrutements et de la formation d’EVS et d’AVS dans notre département.

Le projet de budget 2011, poursuivant la saignée organisée depuis 2003, dégrade encore davantage la situation de l’Education Nationale, Les personnels, dans la logique des mouvements du 6 septembre pour l’Education Nationale, des 7 et 23 septembre et du 2 octobre, dans l’action intersyndicale contre le projet de réforme des retraites, exprimeront le 12 octobre encore leur rejet de cette politique qui porte des attaques sans précédent contre les services publics et les acquis sociaux issus des travaux et des luttes du Conseil National de la Résistance. Ils poursuivront leur mobilisation, dans et hors l’école, pour défendre l’idée d’une société solidaire, d’un enseignement de qualité et imposer par la lutte une autre politique.

Fédération Syndicale Unitaire