Accueil > Yonne > Tribunes libres > 1er mai à Auxerre : l’unité jusqu’où ?

ou : l’histoire commençait bien mais le drame n’était pas loin...


Aller à la Maison des syndicats à Auxerre pour rencontrer les Unions Départementales des autres syndicats relève parfois de la mission sacrée... Bâton de pèlerin à la main, il s’agit de rappeler l’évangile syndical selon lequel « unis dans l’action, c’est mieux que divisés ». Dogme enregistré par chacun, mais de la théorie aux faits ...

La FSU 89, depuis le mouvement de 2003, a acquis auprès des UD une crédibilité que plus personne ne conteste ; elle joue bien souvent le rôle de « fédérateur », celui qui, en dialoguant en aparté avec les uns et les autres, arrive à concilier les différences initiales pour déboucher sur des actions communes (à défaut parfois d’être unitaires...).

Mission accomplie pour la préparation du 1er mai : après 2 réunions, toutes les organisations étaient d’accord sur le déroulement de la journée (débat sur 4 thèmes, manif, repas en commun) et sur le fait que le sujet du Traité Constitutionnel Européen serait, autant que possible, absent du débat et des slogans de la manif afin d’éviter les couacs (FSU, CGT et UNSA 89 ayant une approche critique du traité, UNSA nationale et CFDT une opinion favorable).

Tout s’annonçait donc sous des auspices plutôt bons au matin du 1er mai : soleil radieux, exposés sur les 4 thèmes respectant à peu près le timing prévu... jusqu’à la 1ère intervention dans le débat : « je suis syndiqué CFDT, malheureusement. Vous avez tous montré dans vos exposés que l’Europe impose une politique libérale qui fait beaucoup de mal mais vous ne parlez pas du traité constitutionnel... ». Intervenant suivant, please...
Idem ... "Bon, ben si on partait en manif, c’est l’heure..."

« Pas d’hésitation, une seule solution, non à la constitution ». Tiens... la CGT équipement est venue en force. Ah, ben elle a rallié aussi des copains de la FSU et de l’UNSA... Et comme il n’y a qu’eux qui ont un mégaphone... défiler avec comme seul slogan audible « non à la constitution » alors que l’accord (au sommet !) prévoyait de ne pas aborder le sujet...

Manif annulée, on passe à table...

L’Yonne était un des rares départements où les syndicats avaient réussi à organiser une manif unitaire. Ça s’était fait au prix d’une concession importante, trop importante sûrement pour certains.

Ce qui s’est passé le 1er mai à Auxerre doit, selon moi, réinterroger le mandat que la FSU 89 s’est donné : faut-il chercher l’unité à tout prix ? Faut-il taire une partie de ce qui fait l’identité de chaque syndicat pour pouvoir afficher une banderole commune ? Faut-il vouloir systématiquement embarquer la CFDT sur le même bateau que nous, au risque que des copains sautent à l’eau en cours de croisière ? J’ai des doutes... Votre avis ?

Pascale Marlin