Accueil > S3 > Dossiers académiques > Exercice de nos métiers > Contenus - Disciplines - Pratiques professionnelles > Langues > 45 professeurs de langues vivantes interpellent le recteur

Stage syndical académique du SNES-FSU Dijon, le 24 mai 2007 au lycée Carnot

45 professeurs de langues vivantes interpellent le recteur

paru le mardi 10 juillet 2007 , par Isabelle Cheviet

Monsieur le Recteur,

Quarante-cinq professeurs de langues vivantes étrangères, syndiqués ou non, réunis à Dijon le 24 mai dernier à l’initiative du SNES-FSU, souhaitent vous faire part de leur profonde inquiétude sur les réformes en cours :

 La mise en place des différentes réformes, et notamment la dernière qui concerne le cadre européen de référence, s’est toujours faite dans un flou important : les professeurs de LV déplorent le manque d’informations, de formation et d’accompagnement, chaque collègue essayant de « bricoler » de son côté...

 L’horaire de LV en terminale et en première, amputé voilà quelques années, n’est que de 2 heures dans la plupart des séries : où sont les conditions requises d’exposition à la langue ? Dans le même temps, l’horaire d’anglais en SEGPPA double (pour arriver à 4 heures) au détriment des heures d’atelier...

 En collège, les conditions d’enseignement sont souvent difficiles. En anglais et en espagnol, les effectifs sont souvent pléthoriques ; dans les autres langues, des regroupements LV1-LV2 sont mis en place. Quant aux familles, elles ne sont pas suffisamment informées : leur déception a été grande après les annonces de l’ouverture de la LV2 en 5ème qui, au bout du compte, ne s’est pas réalisée. Les élèves qui suivent un enseignement bilangue se voient refuser l’apprentissage d’une langue latine en 4ème, et cela, à leur grande surprise. Il reste à espérer qu’une information sera fournie aux familles sur la nouvelle épreuve de langue du brevet pour la session 2008.

 La mise en place des épreuves du bac STG dans les établissements pose des problèmes d’organisation pour que les élèves ne soient pas interrogés par leur professeur, et ampute encore le temps déjà insuffisant dévolu à l’apprentissage, puisque l’examen a lieu en cours d’année. Par ailleurs, les examinateurs ne sont pas rémunérés.

 La mise en place des certifications européennes donne un travail considérable aux professeurs qui les font passer, alors qu’ils ne sont ni formés, ni rémunérés pour cela. De plus, ils ont pour obligation de prendre en charge les tâches administratives ainsi que les tâches techniques.

Sur les deux derniers points, les professeurs réunis par le SNES revendiquent une formation, des échanges d’examinateurs entre établissements, un calendrier respectueux du cursus scolaire, et une décharge de service afin que tout ce travail ne relève pas du bénévolat... D’ailleurs, le Président de la République ne proclame-t-il pas qu’il faut « travailler plus... pour gagner plus » ?

Au demeurant, si, depuis le 24 mai, les décrets « De Robien » ont été annulés, ce dont nous nous réjouissons, le rétablissement des heures supprimées sous forme d’heures supplémentaires et non de postes ne va pas manquer de déstabiliser les équipes et d’alourdir les services de tous, et particulièrement des professeurs de langue qui ont déjà en charge un nombre de classes trop élevé.

Il est grand temps que l’Education nationale se penche sur le problème spécifique des langues, de l’accompagnement des professeurs de LV, très angoissés par des conditions d’enseignement rendues de plus en plus difficiles : comment, par exemple, évaluer chaque élève dans les différentes compétences orales quand on compte plus de 30 élèves ? Ce n’est pas la mise en place de groupes de compétences à moyens constants qui résoudra ce genre de problèmes, puisque ces groupes risqueront fort d’être des groupes de niveau.

Enfin, l’implantation récente du chinois ne saurait compenser la mise à mort de l’enseignement de nombreuses langues européennes : allemand, russe, portugais... Contrairement aux effets d’annonce, la diversification ne cesse de reculer dans notre académie. Dans certains collèges, les élèves n’ont plus le choix des langues parce que l’offre se limite à une seule LV1 et une seule LV2. La disparition de la carte scolaire va-t-elle amener les élèves vers des établissements où ils se verront offrir plus de choix, et faire ainsi diminuer les effectifs des autres ?