Commission Administrative Académique du SNES Dijon réunie le 8 novembre 2007
Analyse de la situation et préparation de l’action
paru le jeudi 8 novembre 2007
Après cinq mois d’exercice des responsabilités, le gouvernement Fillon et le président de la République, occupant sans relâche le terrain médiatique, s’efforcent d’accréditer la "rupture" et remettent en question des valeurs républicaines essentielles :
L’augmentation du nombre des heures supplémentaires et leur défiscalisation ne peuvent en aucun cas améliorer les revenus de tous les salariés à temps partiel obligé, de ceux qui ont des métiers pénibles, des femmes qui, les statistiques le montrent, sont encore plus en charges de tâches familiales et ménagères que les hommes ; de plus, les heures supplémentaires ne sont pas décidées par les salariées mais par les patrons.
Dans l’Education, le nombre d’heures supplémentaires augmente fortement : les heures que nous avons récupérées en obtenant le retrait des décrets De Robien sur les services ont été remplacées essentiellement par des dotations d’établissements en heures supplémentaires (le taux des HSA dans les DHG est passé dans les lycées de notre académie de 6,3% à 7,8% ) ; l’accompagnement éducatif dans les collèges en ZEP se fait par une dotation académique de 48 000 HSE, soit l’équivalent de 74 postes, alors que 54 postes ont été retirés des dotations des collèges pour cette rentrée !
Dans le même temps, des non-titulaires sont au chômage ; les TZR, en nombre insuffisant, sont nommés loin de chez eux ou dans des disciplines qui ne sont pas celles de leur formation, le nombre de collègues sur deux, voire sur trois établissements augmente, des options ou formations sont supprimées.
L’offensive idéologique en matière d’éducation se poursuit dans les discours et dans les actes :
– La lettre présidentielle aux éducateurs qui accumule les clichés et les contradictions, les affirmations hasardeuses ou expéditives, n’est pourtant pas sans venin : en voulant concilier tradition et modernité, pédagogie ouverte et méthodes traditionnelles, l’épanouissement individuel et l’autorité, en promettant à une profession malmenée le retour du respect, le Président cherche à être entendu de nombreux collègues en recherche de solutions.
Sa reconnaissance toute verbale de la lourdeur du métier est peu crédible car incompatible avec son incitation au recours aux heures supplémentaires : il nous faut prendre garde à la manœuvre qui promet aux enseignants une amélioration de leur situation personnelle en échange d’une acceptation d’une nouvelle réduction des recrutements (moins d’un enseignant sur deux partant à la retraite est remplacé) et d’un élagage des horaires d’enseignement.
Or, l’offensive contre le « collège unique », contre certains enseignements (SES par exemple), le renforcement de l’autonomie des établissements et l’organisation de leur concurrence (par exemple par les contrats d’objectifs et la généralisation des dérogations), l’attaque en règle de Xavier Darcos les trois voies générale, technologique et professionnelle qui ont pourtant réussi à mener 60% de la population scolaire au niveau du baccalauréat, la baisse du nombre d’heures d’enseignement en primaire comme celles à attendre dans les collèges et lycées, convergent vers toujours plus d’économie au détriment de la formation des jeunes !
– L’augmentation du nombre de dérogations accordées (de 65% l’an passé à 90% à cette rentrée) commence à créer des établissements plus homogènes socialement, d’autant plus qu’on peut craindre une augmentation des demandes dans les années à venir.
– Les rapports et déclarations se multiplient pour faire disparaitre les CIO. Les CO-Psy sont peu à peu dépossédés de leurs missions qui sont transférées aux enseignants au sein des établissements, avec comme objectif premier de pourvoir aux emplois vacants.
– La lecture de la lettre de Guy Môquet a provoqué la colère justifiée de nombreux collègues qui ont refusé de s’y soumettre. C’est une preuve évidente de l’immixtion de l’exécutif dans les programmes, que nous avons eu raison de combattre.
Cette rentrée dans notre académie fut aussi caractérisée par une forte baisse des effectifs, malgré une remontée en 6ème et 5ème, par une augmentation des sorties hors Education nationale des élèves, par une baisse du taux d’accès au niveau 4.
Le SNES dénonce la logique budgétaire qui sous-tend l’ensemble des annonces gouvernementales :
Le SNES défend un tout autre projet, fondé sur une politique éducative ambitieuse mettant au cœur la transmission des savoirs et une réelle démocratisation de la formation afin qu’aucun jeune ne sorte du système éducatif sans qualification. Il faut, pour ce faire, un autre budget, une autre politique.
La politique gouvernementale et présidentielle rencontre des oppositions fortes :
Dans notre secteur, l’unité des fédérations de fonctionnaires et de l’Education Nationale pour la grève du 20 novembre doit permettre de mobiliser une majorité de collègues.
La Commission Administrative Académique (CAA) du SNES Dijon appelle les collègues à se réunir dans les établissements avant le 20 novembre dans des réunions d’information syndicales ou autres réunions pour convaincre les collègues de s’engager dans la grève.
Le 20 novembre, les manifestations doivent être puissantes pour montrer notre détermination. Les AG d’établissement, les AG locales et départementales (interprofessionnelles ou éducation nationale) doivent permettre de débattre des suites à donner à cette grève qui ne peut rester sans lendemain en prenant en compte l’évolution des autres mouvements sociaux.
– Vote : POUR à l’unanimité des 18 membres présents de la CAA.