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Une mise au pilori de l’Education nationale

Editorial de la circulaire académique du SNES - décembre 2004

paru le samedi 18 décembre 2004 , par Alain Grenier

Amputation des savoirs scolaires bientôt réduits comme peau de chagrin, réservation à une minorité de la voie du lycée et des études supérieures, cantonnement des futurs exclus à une hypothétique formation continue, tout au long de leur vie : derrière une rhétorique ministérielle qui s’abrite derrière le « capital humain », le projet Fillon, propre à endormir son meilleur public (enseignants et surtout parents) dans les médias, prépare l’école de demain à épouser au plus près l’inégalitarisme croissant de notre société.

Au vu du renouvellement de génération qui s’annonce, ce devrait être le moment d’améliorer l’attractivité et les conditions d’exercice de notre métier. Mais les mutations des enseignants coûtent cher, et la réforme du Mouvement, avec l’introduction des Affectations à caractère Prioritaire justifiant une Valorisation (APV), dans 30 établissements dans notre académie, consacre le retour des féodalités rectorales : autant de mouvements « intra »que d’académies.

L’ancienne et importante revalorisation de 1989, conquise de haute lutte par le SNES, avait débouché sur la possibilité offerte aux certifiés, après les agrégés, d’accéder à la hors classe, selon un barème équitable, qui intégrait l’ancienneté. Foin de cette équité, la réforme aujourd’hui sur le feu met à mal le barème : nous travaillerons davantage, mais une minorité se tailleront la part du lion. Il aura suffi qu’ils sachent se montrer complaisants à l’égard du chef d’établissement, bientôt détenteur de pouvoirs élargis sur les carrières de « ses » professeurs.

La mainmise de certains potentats locaux sur les ressources humaines des établissements est en marche : la fange enseignante la plus récompensée ne sera pas forcément la plus méritante mais, à coup sûr, la plus docile aux pouvoirs renforcés de la hiérarchie.

Réduire l’Etat et les services publics, introduire les notions du management privé dans les métiers de l’enseignement, c’est tellement plus simple que de s’attaquer aux causes de l’échec scolaire. Alors que nous voulons promouvoir une école ambitieuse où tous les jeunes aient les mêmes droits aux savoirs, à la culture, à la qualification, pour construire une société plus juste, MEDEF et gouvernement répondent de concert : « trop cher ! ».

Fédération Syndicale Unitaire